« My Little Chickadee » est l’une des comédies écrites et interprétées par Mae West, actrice sulfureuse, assez légendaire aux Etats-Unis (elle fut classée 15e plus grande star du cinéma par l’American Film Institute, et sa plastique généreuse inspirera aux GI un surnom pour leurs gilets de sauvetage durant la seconde guerre mondiale) mais dont les films sont curieusement moins passés à la postérité que les œuvres des autres icônes de la période classique Hollywoodienne.
Mae West est une sacré personnalité. Issue du monde du vaudeville, elle est déjà une comédienne bien établie lorsqu’elle se lance dans le cinéma au début des années 30. À cette époque, nous sommes encore aux tous débuts du parlant, et l’on recrute des vedettes du vaudeville, qui savent occuper la scène, afin de pallier les restrictions techniques de ce tout nouveau medium, qui n’est pas encore maîtrisé. C’est, par exemple, la période où les Marx Brothers tourneront leurs premiers films.
Fait rare à l’époque, Mae West écrit elle-même ses rôles et ses pièces. Elle interprète toujours le même genre de personnage, une blonde plantureuse montée sur des talons vertigineux qui lui imposent une démarche chaloupée caractéristique, aux dialogues lourds de double-sens sexuels. Les textes de Mae West, souvent très osés, flirtèrent avec la censure. On dit que West disséminait à dessein quelques phrases outrancières pour tromper l’attention des censeurs… et laisser passer le reste, qui n’était pourtant guère plus édulcoré ! Peu rancunière, elle déclare à la fin de sa carrière : « Je crois en la censure. J’en ai fait fortune. »
Pour « My Little Chickadee », Mae West est rejointe par l’acteur comique W.C. Fields pour la première fois dans leurs deux carrières, ce que la production met en avant. Ils coécrivent le scénario, et tournent ensemble… jusqu’au départ de Fields en plein tournage !
Flower Bell est chassée de Little Bend, soupçonnée d’entretenir une relation amoureuse avec le redoutable "bandit masqué" qui terrorise la ville. Dans le train qui la conduit à Greasetown City, la bourgade voisine, Flower Bell rencontre Twillie, un petit homme volubile aux manières exubérantes. Amusée par l’escroc, elle l’épouse afin de "gagner en respectabilité", et le mariage est aussitôt célébré par un joueur professionnel aux allures de prêcheur (Donald Meek !). Tout ce petit monde ne va pas tarder à s’amuser dans les saloons et hôtels de Greasetown.
Le film constitue une joyeuse parodie de western. Il marque d’ailleurs pas mal de similitudes avec « Destry Rides Again », tourné l’année d’avant avec Marlene Dietrich – l’une des grandes amies de Mae West. Pour les amateurs de Lucky Luke, on retrouvera avec plaisir une trame qui n’est pas sans rappeler celle de « Pat Poker » : un maître de ville chef de saloon et un pied tendre ridicule auquel on donne le rôle de shérif. La différence réside ici, bien sûr, dans le personnage incarné par Mae West, qui attise la convoitise de tous les hommes qu’elle croise… mais est en réalité bien plus redoutable que tous ses prétendants !
Il y a quelques scènes plutôt drôles, souvent portées par l’excellent W.C. Fields dont le personnage est probablement le meilleur du film. Les saillies de Mae West sont à l’aune du reste de sa carrière : la dame a du répondant, et ses doubles sens sont assez savoureux ! Après, en femme fatale qui fait tourner toutes les têtes, elle est relativement peu crédible…
« My Little Chickadee » est une curiosité sympathique, le genre de film que l’on se doit de voir pour sa vedette : l’incontournable Mae West, qui, si elle n’est ni très belle, ni une très grande actrice, demeure l’une des personnalités de légende du cinéma américain.