Mon Roi ou l'esquive inattendue des lieux communs

Mon Roi, selon le synopsis, nous livre l'histoire tumultueuse de Tony (Emmanuelle Bercot) et Georgio (Vincent Cassel), entre déchirures et retrouvailles. Aïe, face à un tel résumé, je redoutais un concert de lieux communs. La première partie du film m'a conforté dans ma peur: les débuts amoureux sont idylliques. Vincent Cassel rayonne, Emmanuelle Bercot tombe sous le charme. Que la vie est belle et que l'amour est beau! Puis arrive le déclin du couple. Ah, finalement, que la vie est difficile... et l'amour, cette énigme éternelle, n'est finalement que souffrance... Feu d'artifice de banalités deux heures durant?


Non! C'est à ce moment que Mon Roi surprend et conquiert. La relation se complexifie, le noir et le blanc deviennent gris. Le film gagne en relief.


Dans Mon Roi, deux approches s'affrontent. L'entourage de Tony prône la conception épicurienne de l'amour et de la vie: il faut rechercher la paix de l'âme, la souffrance doit être évitée, donc la relation dévorante et dangereuse qu'entretient Tony avec Georgio doit cesser. A contrario, Georgio incarne l'approche nietzschéenne. L'homme ne doit pas plier face à la souffrance, car toute expérience intense implique une forme de douleur. Vivre, c'est aussi faire face à la souffrance. Tony, quant à elle, hésite et oscille entre ces deux conceptions.


La force du film n'est pas d'opter pour une des deux conceptions, mais de mettre en exergue la difficulté de l'approche nietzschéenne et des déchirures intérieures qu'elle implique.
Teinté d'humour et avec humilité, Mon Roi n'est pas une ode simpliste à la vie amoureuse passionnée, mais un récit authentique sur deux êtres qui ont choisi la passion.

SimonMangel
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le 6 août 2018

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Simon Mangel

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