Depuis son premier film (Pardonnez-moi, 2006), il est de bon ton de casser du sucre sur le dos de Maïwenn (ou comme, par exemple, Marion Cotillard depuis son Oscar). Je n'ai jamais trop compris pourquoi. Elle a un style bien personnel. On aime ou on aime pas et je conçois que cela peut agacer. Personnellement, tous ses films m'ont touché. Celui-là sans doute plus que les autres. Les deux premiers étaient très personnels, Polisse se déroulait dans un univers particulier, Mon roi peut être l’histoire de n'importe qui. Le film est traité ça et là d'hystérique. Si Mon roi est hystérique, que dire de Mommy ? On est ici devant une histoire d'amour, belle, forte, destructrice. Mais ne le sont-elles pas toutes au final ? Faut-il en avoir vécu une aussi forte pour appréhender et ressentir le film à sa juste valeur ? La mise en scène de Maïwenn n'a jamais été aussi belle. Serrée, dense, virtuose. L'écriture et les dialogues sont magnifiques. S'il fallait trouver quelques défauts, ils seraient dans les scènes au centre de rééducation, parfois quelques légers trous d'air et la présence pas très utile de la bande de jeunes qui n'apporte rien. Pour le reste, on est au plus près de l'intimité du couple et l'on suit l'intégralité de son histoire en flashbacks. C'est sensible, doux, dur, drôle, conflictuel bien sûr, mais souvent apaisé aussi et c'est sans pathos. Ok ça hurle, ça crie, ça s'engueule. Mais c'est aussi cela la vie, ce n'est pas de l'hystérie. C'est l'amour fou. Ça arrive, c'est tout. Le calme et le lisse, c'est l'ennui. On est pas devant une comédie romantique. Les personnages sont parfaitement dessinés et cernés. Giorgio est aussi opaque, manipulateur et fuyant que Tony est limpide et franche. La direction d'acteurs est sans doute la meilleure que la réalisatrice nous ait offert à ce jour. Vincent Cassel est comme toujours très convaincant, son charme et son talent donnent une belle ambiguité au personnage. Celle qui crève l'écran et m'a totalement bluffé c'est Emmanuelle Bercot, justement récompensée d'un prix d'interprétation à Cannes cette année (sans parler du César à venir). Elle est lumineuse, habitée. Chacune de ses apparitions est un sommet d'émotion. Et comme elle est de quasiment toutes les scènes...Pour l'instant, la plus belle prestation féminine de l'année. Leur duo fait des étincelles. Comme dit l'ami Mymp «c'est carrément hypnotique de les voir jouer», c'est tout à fait ça. Ayant (difficilement) échappé à la bande-annonce et à la promotion, je suis arrivé vierge devant le film et l'effet escompté était bien là. Émotion pure et bouleversante, Mon roi est une bonne grande claque dans la gueule !