Après le succès critique et publique de "Polisse" Maïwenn revient avec un nouveau film assez personnel (semblerait-il) et est récompensé une fois de plus sur la croisette.
C'est Emmanuelle Bercot qui décroche en mai dernier le prix d'interprétation féminine et à juste titre. Parce que la grande force de Maiwenn, c'est de savoir tirer le meilleur de ses acteurs. Ils sont tous exceptionnels et pourtant c'était loin d'être gagné. Même Louis Garrel a un rôle sympa et parvient à jouer juste (c'est dire...). Vincent Cassel joue peut-être un des meilleurs rôles de sa vie (Mesrine et La Haine dans les mêmes eaux). Certains lui reprochent d'être faux dans ses répliques mais je pense que c'est un peu l'effet souhaité. C'est un séducteur, qui magouille et ment à longueur de temps. Il n'est pas étonnant que le spectateur doute de lui tout comme sa femme Tony.
On peut aussi souligner le travail sur les dialogues et le rythme frénétique du film. Cela pourra agacer à la longue, moi je trouve ça remarquable et c'est à l'image d'un véritable amour fusionnel.
L'unique reproche que je ferai viendrait de la structure scénaristique du récit assez chaotique au montage. Le début du film est vraiment poussif mais ce choix s'explique en tant que métaphore de la reconstruction physique et psychologique de Tony. Et puis les scènes de camaraderies sur la fin sont sympa avec Norman Thavaud en guest (j'en ai perdu mon latin lorsque je me suis rendu compte que le rouquin était bel et bien lui). Reste que ce choix demeure lourd sur de nombreux points (y compris la symbolique).
Bref, "Mon Roi" fait partie de ces quelques films ascenseurs émotionnels. On bascule subitement entre rires et pleures à la manière d'un "Mommy". C'est peut-être la limite du film, puisqu'il ne prend pas assez de recul sur son sujet et peine à innover en terme de mise en scène (contrairement au film de Dolan), mais il reste une expérience puissante marquant aussi bien ses personnages que le spectateur sonné sortant de la salle.