La force des rêves des enfants

Mon Voisin Totoro est un Miyazaki plus enfantin que la plupart de ses films. Je n'ai découvert ses films que tardivement, à l'âge adulte, et je dois dire que Totoro, par sa simplicité, est un de ceux que j'ai préféré, du moins jusqu'à aujourd'hui.

On est très loin d'une fantaisie à réflexions comme Princesse Mononoké ou de la complexité scénaristique du Voyage de Chihiro. Des personnages spontanés peu nombreux, pas d'antagoniste, il s'agit simplement d'une ode à l'innocence de l'enfance, dans un univers toujours aussi poétique saupoudré des musiques transportantes d'Hisaichi.

Les deux gamines ne manquent pas de joie de vivre et d'énergie, elles deviendraient presque insupportables si cette joie de vivre n'était pas si inspirante. En effet, les enfants se reconnaissent dans ces petites filles, alors que nous, adultes, on retrouve à travers elles notre âme d'enfant.

Gamin, je me créais un personnage, dans ma tête, comme un soutien, un auxilliaire de vie auquel je me référais. Je ne pense d'ailleurs pas être le seul ! D'ailleurs, le personnage de Mei créé Totoro de toute pièce, elle aussi. Elle le trouve en entrant dans ce qui semble être le terrier du lapin d'Alice aux Pays des Merveilles - ce qui met déjà la puce à l'oreille en ce qui concerne la véracité de l'existence physique de Totoro - et elle a pioché son nom dans un livre.

Et c'est ce que me rappelle Mei : la force d'imagination qu'on a, enfant, et qui nous permet d'accéder à tout un imaginaire de possibles, comme faire germer des graines en une nuit, crier pour effrayer des noireaudes ou voyager à l'intérieur d'un chat-bus. On sait qu'on atteint l'âge adulte lorsqu'on devient rationnel, et on perd alors cette faculté d'imagination, ainsi que notre naiveté et notre innocence.

Un enfant qui regarde Mon Voisin Totoro va voyager. Un adulte qui le regarde va rajeunir, puis voyager à son tour. C'est un film qui parlera à chacun, et c'est ce qui fait la force du film : sa simplicité et son efficacité.