Ça fait du bien par où ça passe.

Enchanteur et apaisant comme une douce berceuse, Mon voisin Totoro démontre une facette plus sobre d'Hayao Miyazaki, lui qui nous avait alors habitué aux aventures épiques. Ici, tout est sujet à une sobriété surprenante, doublée d'une thématique simple voire déroutante. Le scénario quasi-inexistant narre principalement l'emménagement d'un père et de ses deux jeunes filles et la rencontre de celles-ci avec des trolls malicieux, véritables légendes nippones vivant dans la forêt.

Pas de réelle péripétie ici donc mais une belle ode à l'évasion enfantine et à l'innocence la plus pure, représentée principalement par le personnage de Mei, curieuse et espiègle. En effet, le nom "Totoro" est assez difficile à comprendre dans la version française puisqu'il n'est ni plus ni moins qu'une mauvaise prononciation du mot "troll" en japonais ("to-ro-lo") par Mei, qui est une grande amatrice d'un livre pour enfant dont l'histoire raconte justement les aventures d'un troll. La version française est par conséquent assez inappropriée car peu empreinte aux légendes japonaises souvent mal interprétées.

Comme d'habitude, le réalisateur japonais nous en met plein la rétine par le biais de décors aux détails saisissants, d'une animation toujours plus soignée et d'un sens de l'imaginaire aussi inventif qu'original. Les quelques personnages présentés s'avèrent attachants, apportant ce qu'il faut d'humour et de bonne humeur pour ne jamais nous ennuyer, à l'instar des Totoros du titre dont chaque apparition est synonyme de gaieté communicative.

Avec Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki construit ni plus ni moins un pont entre l'imaginaire féérique et la dure réalité de la vie, la sous-intrigue du film traitant d'un sujet légèrement plus grave. Ce pont, matérialisé en ce (court) long-métrage, fait la part belle à un univers inventé pour les petits et les grands, créant un véritable culte autour de ces petits et gros animaux, culte tenace qui persiste à nous émerveiller encore aujourd'hui.