Drôle de type que ce Neil Jordan. Capable du pire comme du meilleur, ce cinéaste irlandais actif depuis le début des années 80 s'est essayé à tous les genres. On peut très bien terminer un de ses films en se disant "Putain, mais qui est le tocard qui a fait ça ?!", tout comme on peut aussi se dire "Hey, rappelle-moi le nom du mec derrière tout ça ?", ou bien simplement ne rien remarquer du tout. Je garde un assez mauvais souvenir de Michael Collins, sa fresque historique récompensée du Lion d'Or que notre prof d'anglais nous avait fait subir en 2de. Il faudrait revoir Entretien avec un vampire aujourd'hui, maintenant que le buzz autour du film est derrière nous. Ça fait partie de ces gros films des années 90 que l'on peut désormais mater à tête reposée, peinard, avec un regard neuf sur le sujet. Quant à La Compagnie des Loups, il m'avait pas mal décontenancé quand je l'ai découvert il y a des années de ça, mais je suis à présent convaincu de la valeur de cette œuvre atypique et osée qui n'a sans doute guère volé son statut de film culte. Bien qu'à moitié raté, le plus récent Byzantium marquait un retour aux vampires ambitieux et adulte, un effort à saluer à une époque dominée par Twilight et consorts. Entre temps, il a aussi commis le très ridicule A Vif, un vigilante movie tout merdeux comme il en pleut depuis la fin des années 2000 où Jodie Foster se prenait pour Charles Bronson ; un film à oublier, comme quelques autres titres de sa filmo, visiblement. Quant ses petits derniers, Greta, avec Isabelle Huppert, et Marlowe, avec Liam Neeson, ils ne me disent rien qui vaille et ont été assez tièdement accueillis... En revanche, je n'ai encore jamais vu The Crying Game ni The Butcher Boy, qui sont, à en croire les connaisseurs, deux de ses films les plus notables. Je ne suis qu'un blogueur ciné et je ne vis pas de ma passion...
C'était donc avec une grande curiosité mêlée de crainte que j'ai lancé Mona Lisa, son troisième long métrage sorti en 1986, tout de même encouragé par la solide réputation du film et conforté par la présence en tête d'affiche du regretté Bob Hoskins, un acteur que j'affectionne particulièrement depuis tout petit grâce à son rôle d'Eddie Valiant dans Roger Rabbit. Dès la toute première scène de Mona Lisa, j'ai été rassuré, j'ai de suite su que je me trouvais face au travail d'un cinéaste inspiré. Cette entrée en matière nous propose de suivre un Bob Hoskins au faîte de son charisme qui, dans une rue londonienne bercée par une belle lumière matinale, se dirige d'un pas très décidé vers une petite bicoque sans prétention. Quand il ouvre la porte de celle-ci, muni d'un joli bouquet de fleurs et armé des meilleures intentions, une jeune fille blonde lui ouvre, sourire incrédule, interloquée, avant que sa mère ne surgisse subitement derrière elle pour claquer la porte au nez d'Hoskins après l'avoir couvert d'injures. Fraîchement sorti de taule, Bob Hoskins cherchait à renouer les liens avec sa fille... Cette première scène surprend par sa brutalité inattendue, par toutes les émotions qu'elle parvient déjà à provoquer et les nombreux sentiments qu'elle met en jeu...lire la suite de la critique.