Il faut dire que je suis resté de marbre devant ce film, un peu comme son personnage principal, toujours raide, souvent figé, froid, bien peu expressif et jamais souriant. Le contraste entre la première scène, marquante, et les suivantes, volontairement banales, est tout à fait volontaire. Et la succession de plans fixes et de couleurs grisées contribue à créer une atmosphère particulière.
Il n’empêche que je ne saisis pas vraiment le sens de la démarche de Roy Andersson, et que le film m’a surtout ennuyé. Certes, il révèle une forme de déshumanisation qui nous menace. La scène initiale et l’absence d’émotion ou de réaction face à la mise en place du camion à gaz dit tout. Le reste est trop long, maladroitement long, et n’apporte pas grand-chose. L’esthétique, tout en gris, convient parfaitement et le type, tel Florent Pagny dans un de ses chefs d’œuvre, présente de la même manière, aussi froidement, son appart, sa bagnole ou son fils. Mais les scènes sont longues et au moins la moitié aurait pu être supprimée.
C’est vrai qu’on est de plus en plus individualistes et de plus en plus insensibilisés par l’accumulation de catastrophes, d’images terribles et de morts, qui s’empilent et, que pour nous protéger, parce qu’il faut bien vivre, nous finissons par accepter l’inacceptable : nous sommes des êtres le plus souvent résignés. La réflexion n’est pas inintéressante, mais il n’est pas certain que ce court métrage apporte une once de valeur ajoutée sur cette question importante.
Pour les curieux, et parce que certains sont beaucoup plus élogieux que moi, le film est là, pour vous forger votre avis, en VO sous-titrée en anglais : https://www.youtube.com/watch?v=_k_8e6QIS3o