Mondovino est un film militant qui dénonce l'hégémonie mondiale imposée par trois acteurs célèbres dans le monde fermé des grands crus : Robert Mondavi, Michel Rolland et Robert Parker.
La société américaine Mondavi de la Nappa Vallee impose ses méthodes strictes et scientifiques aux quatre coins du monde viticole.
Michel Rolland est un œnologue bordelais très réputé, winemaker qui « fabrique » des vins premium ayant parfois un goût semblable pour des dizaines de producteurs de grands crus en France, en Italie et en Amérique.
Le troisième larron on le connaît mieux: Parker, le « nez » le plus célèbre dans le monde qui fait monter ou descendre les prix en fonction d'un centième de la note sur 100 qu'il attribue.
A l'opposé on nous montre de sympathiques petits viticulteurs bourguignons ou languedociens qui luttent comme ils peuvent contre l'uniformisation du goût. Je suis d'accord avec la philosophie du propos. Rien de plus démagogique que l'égalité pour tous. Mais il faut que je justifie mon titre en apportant une légère nuance. Il n'est guère de comparaison possible en effet entre les vins de soif des petits producteurs cités dans le film et les grands crus de Bordeaux notés par Parker. Je ne parle pas seulement par rapport au prix, je parle en rapport avec le goût.
Avec un peu de réflexion si cette mondialisation du vin avec uniformisation du goût est une constatation judicieuse le film semble tirer un signal d'alarme qui n'a pas vraiment lieu d'être.
Le titre du film voudrait que l'on établisse un lien inconscient entre Mondovino et Monsanto ou Mondo Cane (monde de chien) et joue sur la peur irraisonnée. Mais c'est oublier un peu vite que grâce aux méthodes scientifiques pratiquées par Michel Rolland et d'autres winemakers la qualité des vins a progressé à tous les niveaux et partout dans le monde et que certains grands crus en perte de vitesse ont ainsi pu revenir jouer dans la cour des grands.
Et l'aspect le plus inquiétant de la mondialisation n'est jamais évoqué dans le film. Il concerne pour beaucoup de vignobles l'utilisation massive des engrais, des désherbants et des pesticides associés à des rendements trop élevés. Les grands crus évoqués dans Mondovino sont précisément parmi les seuls préservés de ces fléaux, avec quelques vins écolos. Et grâce au travail des œnologues décriés dans le film un grand Bordeaux restera toujours un grand Bordeaux.
Ce sera tout pour mon souci de vérité. Ceux qui ne sont pas d'accord et critiquent la mondialisation pourront toujours se consoler avec ce proverbe anglais datant parait-il de Jeanne d'Arc : « No need for a great vintage to get drunk »
Pas besoin d'avoir un grand cru pour prendre une bonne cuite...
[note Parker 45/100 soit 5/10 en note corrigée]