Spoiler : la série est mieux ! (tout du moins les deux premières saisons)
Westworld, ou plutôt Mondwest dans la langue de Molière-qui-ne-l'est-pas-tant-que-ça-vu-qu'ils-ont-supprimés-le-titre-en anglais-pour-un-autre-titre-en-anglais (les Québecois ont eu le bon goût de le renommer Le Monde de l'Ouest, eux au moins), se révèle plutôt classique dans son déroulement : on sait par avance qui va se passer à tel ou tel moment.
Mais avant d'aller plus loin, il me semble important de se rappeler quand exactement est sorti le long-métrage faisant l'objet de la critique du jour. Le film sort en 1973, soit deux ans avant Les Dents de la mer, six ans avant La nuit des masques, et onze ans avant Terminator. Pourtant, difficile de ne pas faire le lien avec ces trois films, surtout avec le dernier des trois films venant d'être cités : Arnold Schwarzenegger s'étant d'ailleurs dit influencé par la performance de Yul Brynner pour son rôle du T-800. Le lien avec Les Dents de la mer est lui aussi évident : une menace, ou plutôt un risque, rode, et au lieu de fermer temporairement le parc, les financiers préfèrent le cacher au plus grand nombre. Les inspirations sont flagrantes, mais de toute façon, Steven Spielberg travaillera avec Michael Crichton, qui est aussi l'auteur de Jurassic Park, lors de l'adaptation dudit livre.
Pour revenir au film, il y a tout de même quelques idées sympas, la publicité au format interview lors de l'introduction ou le plan sur le reflet des lunettes du pilote pour ne citer que ces exemples-là. Forcément, ce qui marque le plus, c'est le Gunslinger, interprété par un Yul Brynner qui semble reprendre son rôle du film Les 7 Mercenaires (pardonnez mon inculture, je ne l'ai toujours pas visionné). Le personnage est menaçant, extrêmement charismatique, traquant Peter (Richard Benjamin) et John (James Brolin, qui ressemble étrangement à Christian Bale, je serais son daron, je me serais posé des questions) à la manière d'un Predator ou d'un Terminator : on a même la présence du capteur thermique intégré.
Le film est cependant un peu trop court, je disais en introduction que c'était prévisible, et clairement, sa faible durée n'arrange rien en ce sens : ça donne la sensation que certaines scènes sont expédiées.
Aussi, certains points auraient pu être mieux exploités. On apprend très rapidement qu'on peut savoir si on a affaire à un androïde ou non en regardant leurs mains. Ce détail aurait pu être utilisé plus tard pour créer une scène de confusion entre un androïde et un humain, mais il n'est malheureusement pas exploité. Autres détails, bien plus insignifiants néanmoins, la taille et l'apparence du parc se révèlent bien différents du tableau qui nous est présenté lors du début du film. C'est dommage, le long-métrage aurait à mon avis gagné à conserver son côté "Disneyland" jusqu'au bout (ce n'est pas une blague, je précise, c'est après un séjour à Disneyland que Michael Crichton a eu l'idée d'écrire le scénario) plutôt que s'ouvrir inutilement à certains moments. Enfin, reste le panneau de sortie "Vour quittez Westworld. Les visiteurs ne doivant pas depasser ces limites", on s'en fiche un peu encore une fois, mais dommage qu'il n'y avait pas un Français sur le plateau pour corriger cela.
Bref, encore une fois, la série est mieux. Le problème ici c'est que le réalisateur traite son sujet de manière très classique, du moins si on visionne le film avec un regard d'aujourd'hui. On nous indique très clairement que le problème vient d'une défaillance : il faut vraiment le vouloir pour voir l'attaque des androïdes comme un véritable signe de rébellion. Ce qui fait qu'en termes de thématiques traitées, Jonathan Nolan surpasse de loin Michael Crichton, qui semble de toute façon bien plus compétent pour écrire des romans que réaliser des films si j'en crois les notes SensCritique.
Pas un mauvais film non plus, pour continuer à faire un parallèle avec la série, le film aura au moins le mérite de vous introduire à celle-ci. Mais même en prenant cette composante en considération, ce n'est pas ce qui fera de Mondwest un indispensable, loin de là.