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Avec son casting cinq étoiles et ses ambitions de thriller ancré dans l’actualité financière, Money Monster a de quoi emballer le spectateur qui s’attendra à voir peut-être plus que ce qu’il peut espérer. Le résultat est en demi-teinte, à la fois parce que le scénario manque le coche sur pas mal de sujets propices à la réflexion (la remise en cause du capitalisme, du système de l’information), et aussi parce qu’il est vampirisé par le genre dans lequel il officie. Ainsi le film de Jodie Foster joue constamment sur le suspense, rondement mené et particulièrement bien rythmé, se concentrant en grande majorité sur l’empathie qu’on peut supposément ressentir pour ses protagonistes. Problème, ils sont en majorité antipathiques, tellement ancrés dans le système capitaliste qu’ils semblent incapables, les uns comme les autres, de faire preuve d’une vraie humanité.
C’est à la fois la plus grande force et le plus gros défaut d’un récit profondément cynique, à la limite d’un pessimisme qui pousse à baisser les bras devant l’ampleur d’une décadence idéologique où les puissants domineront sans cesse les plus faibles. Dès lors, les instants de liesse collective et d’investigation dans le récit font tâche, car alimentés par les automatismes d’un scénario Hollywoodien qui semble penser qu’il est nécessaire de faire croire que ces protagonistes égocentrés sont finalement très humains. George Clooney (par son interprétation très juste) est sans cesse en train de jouer, prend les choses à la rigolade avant de finalement prendre en compte son statut de journaliste. Et si Julia Roberts dit au départ « nous ne faisons pas de journalisme », sa manière d’agir dans le reste du film n’est qu’une manière de régler un conflit, il ne s’agit pas une remise en cause de ses actions. En outre, chaque personnage agit dans son propre intérêt, seulement parce qu’on lui dit de le faire, avant de passer à autre chose. L’investigation qui prend place dans le récit n’a d’ailleurs rien de crédible, Foster tombant dans le piège d’une interprétation clichée des hackers et des lanceurs d’alerte qui font tomber les grands bonnets financiers, apparemment fans de Star Wars et de jeux vidéo. Si cette investigation fonctionne, c’est grâce à la capacité de Foster d’ingérer les codes des shows télévisuels pour l’intégrer au montage de la révélation finale, sorte de tribunal populaire télévisuel.
Sur un autre plan, ce cynisme nous mets en face d’un constat alarmant sur une société capitaliste si froide qu’elle en vient à ne même plus réagir face aux injustices qui l’entoure. La fin du film pose problème, car elle n’offre aucune solution, mais ne peut décidément pas être critiquée car elle est en totale cohésion avec le reste du long-métrage, à savoir qu’il est pris dans un flux perpétuel d’informations, tel qu’il est impossible de réagir correctement à ce qui se trouve autour de nous. Le film, qui semblait vouloir nous faire croire que l’espoir était encore possible, n’est plus que le reflet cynique de lui-même. Il critique notre société, mais l’abandonne également à sa démence, tant est si bien que les idées progressistes qu’il cherche à mettre en forme sont mises de côté aussitôt les événements terminés.