Après le réussi Complexe du Castor, Jodie Foster revient en tant que réalisatrice sur la Croisette avec Money Monster. Divertissant et plutôt drôle, le film se perd dans sa critique de la finance et de la télé. Présenté hors compétition au Festival de Cannes, Money Monster aura au moins permis à Julia Roberts de gravir pour la première fois les marches.
Bien aidé par sa productrice Patty fenn (Julia Roberts), Lee Gates (Georges Clooney) est une personnalité influente de la télévision new-yorkaise grâce à son émission financière Money Monster. Un jour, Kyle (Jack O'Connell), un spectateur ayant perdu toutes ses économies en suivant les conseils de Lee, débarque sur le plateau de l'émission avec armes et explosifs et le prend en otage en direct devant des millions de téléspectateurs...
Le capitalisme pour les nuls
A l'Ouest rien de nouveau. Derrière les super héros, la finance semble nourrir la plupart des œuvres produites par l'industrie Hollywoodienne ces dernières années. Du Loup de Wall Street à The Big Short en passant par 99 Homes et à présent, Money Monster, le cinéma dénonce, avec plus ou moins de succès, les ravages du capitalisme sur les économies des petites gens. Jodie Foster tente de faire transpirer cet état de fait à travers le personnage de Kyle, New-Yorkais lambda à l'accent de docker qui tente de comprendre l'étrange disparition de ses 30 000 dollars. A la recherche de la vérité, ce Don Quichotte ruiné des temps modernes va tout faire pour combattre les moulins de la finance, accompagné de Lee Gates, animateur télé bling bling, veste d'explosifs sur les épaules. Mais à trop vouloir dessiner un portrait au vitriol des différentes institutions, le film s'enlise dans ce qu'il veut dénoncer, faisant retomber son message comme un soufflé.
Critique d'une télévision poubelle, profitant des problèmes des gens pour exploser son audimat ou condamnation des magnats de Wall Street, usant des pires subterfuges afin de gagner un maximum d'argent, Money Monster ne sait plus sur quel pied danser. La réalisatrice semble se perdre dans la profusion de ses anti-héros, Lee Gates et Walt Camby (Dominic West), PDG d'une grosse firme, donnant un message douteux à la conclusion de son film. En effet, arrogant, prétentieux et autocentré, l'animateur vedette Lee Gates évolue face au désarroi du jeune Kyle, devenant plus raisonnable et altruiste. Seulement, la dernière séquence de Money Monster montre un Lee semblable à celui du début, se posant des questions quant à la prochaine émission, malgré les déboires et les événements vécus auparavant. Quant au méchant PDG, il sera la risée des médias et tombera évidemment de sa tour d'ivoire. Heureuse conclusion pour donner au spectateur un message d'une banalité affligeante : "Ce n'est pas le capitalisme qui vous escroquent mais les bandits de la finance qui utilise le système à mauvais escient."
Le duo Clooney/Roberts : What else?
Dommage car Money Monster parvient à divertir et à tenir le spectateur en haleine. Là où l'on s'attendait à un simple huis-clos sur un plateau télé, le long métrage se transforme peu à peu en enquête journalistique, proposant alors un thriller simple, aux rebondissements attendus, souvent, mais terriblement efficace. Le duo Clooney/Roberts n'y est pas pour rien. A l'instar de la saga Ocean's, les deux stars apportent leur glamour et leur plaisir communicatif d'être ensemble. Surtout, Mr Nespresso n'est jamais aussi bon que lorsqu'il campe des idiots immatures. Souvent drôle, la prestation de l'acteur nous fait irrémédiablement penser à son rôle dans Burn After Reading ou encore Ave César, apportant un vrai plus à Money Monster.
Divertissant, souvent drôle, Money Monster propose une histoire plutôt sympathique qui parvient à retenir notre attention. Hélas, Jodie Foster se loupe complètement dans sa dénonciation livrant un message banal mais également douteux sur certains points. Bref, un film qui ne fera pas exploser les marchés.