Forcément, après avoir vu la série dans son intégralité, il fallait que je finisse par le long-métrage sorti, il n'y a même pas un an (m'étonnerait d'ailleurs pas que ce soit la sortie du film qui m'ait inconsciemment motivé à me remater la série).
Comme d'hab' ici, passons directement à la conclusion : je suis ressorti du film conquis. Cependant, bien qu'il ne fasse aucune erreur majeure (côté best of avec des rappels incessants à des épisodes de la série, faire un film uniquement pour les fans, adopter un ton qui ne correspond pas à l'univers, oublier la moitié des acteurs, voir pire les remplacer par d'autres…), il se repose néanmoins trop sur ses lauriers, ne m'a pas donné l'impression d'être un long-métrage à part entière. Pour le dire autrement : c'est exactement la même structure qu'un épisode, mais rallongé pour que ça tienne dans un film d'1h30.
On retrouve donc les codes de la série : le trio Leland, Randy et Natalie ; le culte « voilà ce qui s'est passé » ainsi qu'un méchant facilement identifiable qui a commis une erreur dans son plan.
Premier problème : le méchant de ce Mr. Monk's Last Case: A Monk Movie est nul. C'est une version ratée de Jeff Bezos : ses motivations sont claires, sa manière de fonctionner aussi… bref, on ne s'intéresse pas à lui, à des années-lumière des meilleurs méchants de la saga, Dale Biederbeck (« la Baleine ») en tête. Son plan, de surcroit, n'est pas des plus intéressants. Je m'attendais à ce que le scénariste, Andy Breckman (accessoirement le créateur de la série), ait profité du format long pour apporter une touche de complexité à l'enquête. Malheureusement, il n'en est rien et le tout se résout un peu trop aisément.
Autre problème, la régression de certains personnages. Alors que nous quittions la série avec un Monk plus apaisé, sur la bonne voie, v'là qu'il a repris toutes ses vieilles manies à cause du covid. Bon ça, à la limite, c'est justifié… reste que l'épisode du Peacock's At-Home Variety Show consacré faisait mieux à ce niveau-là. J'ai par contre été davantage déçu par le personnage de Randy, qui reprend son rôle de débile-gentil dans le film, alors qu'il devenait capitaine à la toute fin de la série et que l'épisode Monk et la fontaine miraculeuse (S07E09) nous laissait aussi croire qu'il était capable de prendre des responsabilités. Dommage d'avoir opéré un tel « retour en arrière », ç'aurait été intéressant de twister le rôle du personnage pour le coup, de montrer qu'il a mûri.
Surtout qu'à côté de ça, les rares nouvelles choses que le film amène, les rares pistes qu'il aurait pu exploiter, ne sont pas assez bien exploitées. Le lien entre Monk et sa belle-fille, Molly, avec laquelle nous nous quittions à la fin de la série n'est pas assez fort, pas assez puissant : le personnage fonctionne essentiellement comme un lambda tiré d'un épisode quelconque que comme un personnage avec qui Monk aurait entretenu des liens solides à un moment de sa vie. Dans la même logique, nous introduire la résolution à se suicider de la part du personnage principal est loin d'être une mauvaise idée, et n'est même pas trop mal amenée… reste que la conclusion, avec sa foule de défunt en blanc (qui malheureusement ne sont pas des personnages présents dans la série) fait un peu trop « fin facile ». Encore une fois, il y avait moyen de faire mieux, d'aller plus loin.
À noter que ni Sharona ni Ambrose ne font leur retour. Pour le coup, même si j'aurais apprécié les voir, je trouve ça compréhensible : trop de personnages de retour aurait pu donner un côté « forcé », renforcer le côté « fan service ». Surtout que Sharona a justement déjà eu droit à son come-back dans un épisode de la série lors de la dernière saison. Le Docteur Bell fait cependant son retour et a droit à des scènes curieusement très touchantes : probablement l'une des plus belles surprises de ce film-épisode.
En somme, ce Monk, le retour est une sorte d'épisode final 2.0. Personne ne sera donc surpris de se retrouver face à un long-métrage filmé comme un épisode de série télé, avec les mêmes personnages, les mêmes enjeux. Une sorte d'épisode étendu quoi !… et malheureusement, les rares épisodes en deux parties de la série (Monk reprend l'enquête ; Monk en cavale ; Monk s'en va) sont malheureusement de meilleurs films que ce Monk, le retour.
Reste à rappeler que le long-métrage ne fait pas d'erreurs trop grossières, que même quelqu'un ne connaissant pas la série ne devrait pas être trop perdu devant, et, certes, le film ne réinvente rien, n'est pas très subtil… mais la série n'a justement jamais été réputé pour sa subtilité, loin de là. Peut-être qu'un long-métrage Monk aurait été l'occasion pour Randy Zisk d'apporter cette touche de complexité absente de la série. Tant pis… ce n'est pas le cas…
Reste donc à savoir ce qu'on attendra avant d'entamer le visionnage de ce Mr. Monk's Last Case: A Monk Movie : un épisode étendu ou un film à part entière ? Si dans le premier cas, Monk, le retour s'en sort plutôt bien, force est de constater que c'est beaucoup moins le cas dans le second.
À noter que, mis à part pour Leland et le docteur Bell, dont les doubleurs respectifs, Érik Colin et François Jaubert, sont décédés entre temps, tous les autres personnages retrouvent leur doubleur respectif. Reste à accepter le fait que Michel Papineschi a vieilli, et que ça se ressent fortement quand on entend sa voix.