Georges Bernanos, dans son essai Les enfants humiliés, énonçait avec justesse qu' "il n'est de véritable déception que de ce qu'on aime". Les propos sont justes et d'une très grande clarté après avoir regardé ce téléfilm Monk, le retour. En effet, alors que la série initiale avait marqué les esprits des téléspectateurs au point de figurer parmi les classiques du genre télévisuel américain, il était réel que cette réapparition du plus hypocondriaque des détectives avait créé en chacun une attente importante. Mal nous en a pris étant donné la pauvreté abyssale du contenu proposé.
Une fois n'est pas coutume, la critique de Monk, le retour sera brève. Le synopsis du téléfilm étant à ce point indigent et indigeste, il n'y a, en effet, quasiment rien à commenter. On soulignera tout de même le ridicule des personnages principaux qui avaient pourtant porté pendant plusieurs années le show à bout de bras dans la série initiale. Le personnage de Monk semble être une pastiche grotesque de ce qu'il était auparavant, intensifiant les TOC et autres obsessions compulsives qui lui étaient déjà propres sans conserver la complexité qui l'habitait auparavant. Concernant les autres rôles principaux, Randy Disher a perdu le caractère comique qui l'habitait en se limitant exclusivement à une forme d'absurdie qui ne suscite pas l'humour mais plutôt la gêne. Le capitaine Stottlemeyer, quant à lui, apparaît comme un vieillard oxydé, sortant tout droit d'une cure de désintoxication. Bref, le temps est passé et n'a pas arrangé les personnages que l'on appréciait. Pour finir sur ce point, l'actrice qui joue le rôle de la fille de Trudy, l'épouse décédée de Monk, est particulièrement mauvaise, alternant entre le risible et la caricature.
Concernant le scénario, originellement point fort de la série mère, le synopsis est cousu de fil blanc. Le méchant milliardaire qui s'attaque au gentil journaliste en usant de procédés déjà vus à maintes reprises. Cela sent tout de même assez fortement le réchauffé. L'avancée de l'enquête est insipide en traînant en longueurs pendant plusieurs minutes avant de se résoudre comme par magie au son du fameux "voilà ce qu'il s'est passé". On croirait presque regarder un épisode d'une série policière française de seconde zone tellement le rendu est pathétique.
Partant, il est visible que le réalisateur Randy Zisk manquait réellement d'inspiration au moment de rédiger le plan de son intrigue tant au niveau du scénario que de l'écriture des personnages. Dans ce cas, on s'interrogera sur la nécessité de retoucher à cet univers monkesque en laissant les fans sur cette mauvaise impression finale. Hormis la volonté de s’enrichir en proposant du vide, la question semble sans réponse. De manière laconique, on pourrait résumer la proposition faite avec Monk, le retour en détournant la célèbre réplique du héros et en énonçant "voilà ce qu'il ne fallait pas faire".