"Il n'est point de secrets que le temps ne révèle" - Racine. S'il devait demeurer une expression pouvant résumer le film, ce serait à n'en point douter cette formule de ce grand poète français, applicable autant en politique que dans la vie en général.
Soyons honnêtes, le synopsis de l'œuvre de Sylvain Desclous résonne comme un sentiment de déjà vu. Si je puis me permettre, "rien de bien nouveau sous le soleil". En effet, au sein de ce film, on part du postulat que les héros principaux, étudiants à Science Po et préparant le concours d'entrée à l'ENA, sont doués d'un avenir prometteur tant par leurs capacités intellectuelles que par leurs relations avec le monde de la politique. Si le protagoniste masculin provient d'une famille aisée connaissant par cœur les eusses et coutumes diplomatiques, sa petite amie au contraire est originaire d'un milieu plus que modeste. Encore une fois, rien de novateur sur ce point en créant une union entre le fils de bonne famille et la fille talentueuse figure de la méritocratie républicaine.
Or, le train de leur vie, qui semblait tracé vers les portes de la réussite, va commencer à se dérailler à cause d'une rencontre fortuite avec un individu malveillant en plein milieu de la campagne corse (tiens, tiens, une personne malveillante en Corse, on n'est pas du tout dans le cliché des films français, très rassurant tout ça…). Pour sauver son compagnon d'une situation dangereuse, l'héroïne du film ira chercher à l'arrière du pick-up de l'agresseur le fusil de ce dernier et commettra l'irréparable en le tuant. On ne s'attardera pas sur la facilité scénaristique de placer un fusil à cet endroit là - sauf à perpétuer le cliché assez malsain que chaque corse a un fusil dans sa voiture - . Il ne manquait plus qu'un complice mafieux italien aux mimiques d'un De Niro en provenance de Wish et le tableau complet du méchant de film français aurait été parfait.
A partir de cet homicide, une sorte de pacte lie les deux protagonistes duquel leur couple ne survivra pas. Leur vie va continuer en espérant que leur secret ne s'ébruite pas en ce qu'il viendrait mettre un terme à leurs ambitions politiques. Bien entendu, et nonobstant quelques péripéties évitables qui ne font pas avancer l'intrigue, et conformément aux dires de Racine, ledit secret finira par s'ébruiter mettant un point final à leurs espérances de carrière.
Là encore, rien de vraiment brillant ou surprenant tant l'avancée de l'intrigue est prévisible à des kilomètres. Le grand méchant fils de bonne famille essaiera de se soustraire de toute poursuite judiciaire en faisant endosser la responsabilité unique du meurtre à son ex-compagne du fait qu'il ne supporte pas qu'elle fasse sa vie sans lui. Bon, mieux vaut ne pas commenter la bêtise du scénario dont la pauvreté fait pleurer dans les chaumières.
Heureusement, et parce qu'on est dans un film français à l'ambition assez faiblarde, la vaillante héroïne finira par triompher grâce à l'aide de son père revenu du jour au lendemain dans la vie de sa fille pour l'aider à se sortir de ce mauvais pas.
Bref, inutile de s'attarder sur une critique bien plus longue; la pauvreté du film est abyssale. Le scénario fait froid dans le dos tant par son manque d'ambition que par sa mise en œuvre. Si les idées initiales pouvaient apparaître intéressantes - d'où mon sympathique 2/10 - , il aurait au moins fallu un soupçon de créativité et d'inventivité pour éviter de tomber dans le "thriller du pauvre" malheureusement coutumier des films français dramatiques de ces dernières années.
Si le destin est l'élément destructeur de toute espérance, la mienne a été ébranlée au bout de dix minutes de film.