Peut-on changer le monde en ayant les mains sales, telle est en substance la question posée par Sylvain Desclous dans De grandes espérances, qui trace le portrait d'un jeune couple d'étudiants brillants, promis à un avenir doré. Ce qui frappe le plus dans le deuxième long-métrage de fiction du réalisateur est sa finesse d'écriture qui cumule profondeur et efficacité. Le film est aussi bien un suspense policier qu'une étude des mœurs politiciennes ou encore une histoire d'amour à l'évolution complexe, sans oublier une relation père/fille joliment traitée. Aucune scène ne s'avère inutile dans De grandes espérances au fil d'une progression dramatique subtilement dosée qui aboutit à une conclusion à la fois ouverte et crédible dans l'évolution psychologique de ses deux personnages principaux. Avec Alice et le maire, L'exercice du pouvoir et quelques autres, De grandes espérances fait partie de ces films qui réussissent pleinement à développer une intrigue située dans la sphère du pouvoir politique et ce n'est pas si fréquent dans le cinéma français, avec également plusieurs scènes dans le monde de l'entreprise, d'une grande justesse. Face à un Benjamin Lavernhe toujours impeccable et une Emmanuelle Bercot, remarquable, Rebecca Marder impose sa personnalité dans un rôle exigeant, à mille lieux de ceux de Une jeune fille qui va bien et de Les goûts et les couleurs. Attention, une grande actrice est née.