Recoudre, dit-elle...
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Monsieur s'inscrit avec bonheur dans un nouveau courant de films indiens féministes qui a notamment donné La saison des femmes, Déesses indiennes en colère et même le merveilleux The Lunchbox. Et c'est par le biais de la comédie romantique, dont elle réinterprète les codes, que Rohena Gera parvient à montrer combien le poids des préjugés et des traditions continue d'entraver les désirs et le destin des femmes de Bombay, Delhi ou Calcutta. Et pourtant, le système des castes a été officiellement aboli, mais pas dans les mentalités, les familles ou la société. Comment imaginer, en effet, une histoire d'amour heureuse entre un maître et sa servante, même quand un doux sentiment se développe entre deux âmes mélancoliques ? C'est vrai que Monsieur se place du côté de la tendresse et de la tolérance et n'évoque que peu la violence et la misère du pays. Exact aussi que le portrait du maître manque d'aspérités et lui donne un aspect un peu trop lisse de prince charmant. Mais peu importe, on s'attache avant tout aux pas de cette domestique, qui se rêve créatrice de mode, et se sacrifie pour que sa soeur ait une vie meilleure que la sienne. Une belle personne, sans contestation, mais une battante aussi, qui déteste l'injustice et n'hésite pas à s'exprimer. C'est par petites touches que Rohena Gera fait progresser son intrigue, délicatement, comme une couturière qui fait preuve de doigté et fignole les détails, sans se hâter. Un travail d'artisanat qui passe par une fluidité discrète de la mise en scène, un beau sens du cadrage et un montage remarquable, respectant le temps des scènes sans pour autant les étirer. Et en donnant aux silences et aux regards toutes leurs significations. Le dénouement est un peu trop optimiste et pas crédible ? Et pourquoi donc ? N'est-ce pas Shakespeare qui écrivait que nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves ?
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Créée
le 26 déc. 2018
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