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Il était une époque où on savait faire des petits films sans conséquence en s’appuyant sur une vague intrigue et des acteurs de talent. Une époque évidemment révolue. Jean-Paul Le Chanois, qui n’est assurément pas le meilleur de sa génération mais qui a toujours su se mettre intelligemment au service de Jean Gabin, lui sert ici la soupe avec une grande efficacité dans ce qui est peut-être un des plus méconnus longs-métrages de l’acteur. C’est dommage d’ailleurs car, s’il ne brille pas toujours par sa rigueur scénaristique, il a la bonne idée de sortir Gabin de ses rôles habituels de truand. En l’obligeant à jouer d’abord un riche banquier puis un majordome, il offre toute l’étendue de son talent, endossant le rôle d’un homme d’esprit comme on enfile un gant. Avec une diction plus carrée et le verbe plus arrondi, il fait merveille dans un rôle inattendu où, cependant, il écrase de sa personne tous ceux qui l’entourent. Les mots de Pascal Jardin, moins populaires que ceux de Michel Audiard, font totalement mouche dans sa bouche.


Entouré de seconds rôles savoureux (même si le rôle de Philippe Noiret aurait mérité d’être distribué à un acteur plus âgé et plus sûr de lui pour faire face à Gabin), le film déroule une intrigue qui tutoie le vaudeville sans sombrer dans la farce des claquements de portes et des marivaudages faciles. Au contraire, le récit égratigne, à la façon des comédies de moeurs, ses différents personnages et dresse le portrait d’une bourgeoisie qui peut, selon ses incarnations, se révéler détestable ou des plus humanistes. Les hommes ont plutôt le beau rôle (les cocus, ce sont eux !) mais les rôles féminins sont suffisamment soignés pour que Liselotte Pulver, Mireille Darc ou encore Gaby Morlay (dont c’était le dernier film) trouvent grâce aux yeux des spectateurs.


C’est évidemment du petit cinéma sans prétention mais tout cela est fait avec un tel amour des acteurs que cela fonctionne parfaitement. On regrettera des facilités malheureuses (le final expédié est décevant), mais c’est un film charmant et amusant qui sent bon le savoir-faire d’antan où le talent était à tellement d’étages qu’il était possible de réaliser de jolis divertissements sans forcément de grands scénarios. En somme, tout ce qu’on ne sait plus faire aujourd’hui.


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le 29 août 2024

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