Avec Monsieur Aznavour, Mehdi Idir et Grand Corps Malade ont réussi à exposer la vie du chanteur avec tact, sensibilité et discernement. Oui, Charles Aznavour a voulu faire avancer l’artiste sur les marches de la renommée et n’a pas toujours su avoir du temps et de la présence pour ses proches. En choisissant cette focale, les réalisateurs ont choisi honnêtement de ne pas tomber dans l’hagiographie la plus élémentaire et cela est tout à leur honneur. Leur biopic est donc réussi car il considère les ombres et les lumières de Charles Aznavour, ne se voyant jamais artistiquement rassasié et n’arrivant pas complètement à occuper une vie privée lors de ses différentes vies conjugales.On aime tout autant concevoir le talent et le culot qu’il avait pour négocier ses cachets.De plus, Medhi Idir et Grand Corps Malade parviennent aussi à faire comprendre comment le grand chanteur a su se fier à son intuition et à ses rencontres pour sortir ses plus grandes compositions ( J’me voyais déjà, Emmenez moi, La bohème ou Comme ils disent) qu’ils insèrent idéalement dans des scènes évocatrices et très émouvantes parfois.Au delà du film générationel, Monsieur Aznavour permet cette appropriation par un public ne connaissant pas l’artiste et remplit sa part didactique. Je ne reviendrai pas sur la composition habitée de Tahar Rahim ( si justement appréciée ) mais vous invite à considérer les seconds rôles à l’image de Baptiste Bouillon ( en Pierre Roche, l’ami/collègue artiste des premières scènes confidentielles) ou de Marie-Julie Baup ( rendant justice à Edith Piaf dans sa gouaille et son « sale » caractère). Au niveau de la fluidité même du film, j’estime que la période où Charles Aznavour concrétise ses rêves de gloire ( à partir de la scène où il présente J’me voyais déjà pour la première fois) est le passage le plus délicat à négocier car les scènes de concert relèguent une action qui reprend ses droits lorsque Charles Aznavour rencontre Ulla,sa future compagne d’origine suédoise.C’est le seul bémol du film contrebalancé par un épilogue juste et solide sur les vérités d’Aznavour dans sa maturité. Au final, un grand moment de cinéma que vous êtes ravi d’avoir suivi car justice a été rendu à cet artiste immense dont les moments de doute et de crispation trouvent une résonance adéquate.

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le 31 oct. 2024

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