Mr. Hobbs Takes a Vacation confirme l’indéniable vitalité du duo formé par le cinéaste Henry Koster et l’acteur James Stewart, duo qui avait su nous régaler avec Harvey (1950). L’intelligence du long métrage est d’abord de se faire le témoin d’une transformation profonde des mœurs américaines, d’une libération exprimée ici par la dislocation de l’unité familiale présentée, dès le début, comme un fléau pire encore que le cimetière. Le choix d’une focalisation interne et d’un récit rétrospectif augmente la dimension satirique d’une œuvre qui épouse l’humour pince-sans-rire et désabusé de son protagoniste, ledit Hobbs, merveilleusement interprété par James Stewart qui, après The Jackpot (Walter Lang, 1950), prouve une fois encore qu’il dispose d’un important talent comique : le réalisateur s’amuse avec le corps de ce dernier, se plaisant à le briser sous le poids des valises ou sous l’effort d’une marche ridicule.
Les nombreuses chutes, le face-à-face avec une machine défaillante et capricieuse, les tenues vestimentaires légèrement décalées contribuent à la farce, tout comme l’insolence tonale qui régit les dialogues avec quelques familiarités et beaucoup d’humour noir. Koster pense à Jacques Tati, avec la scène des valises qu’il change en comique de répétition, et son cadre estival en bord de mer ; influence française qu’il mêle avec la folie d’un âge où les mœurs américaines se voient tiraillées entre la rigueur apparente et le dérèglement intérieur, en témoigne ce couple azimuté qui boit en cachette et se plaît à convertir des situations périlleuses en expériences sensuelles (scène de la douche). La partition musicale, que signe Henry Mancini, inscrit Mr. Hobbs Takes a Vacation dans le sillon des œuvres de Blake Edwards, sans renier une originalité et une vitalité qui mériteraient d’être reconsidérées aujourd’hui.