Le film est une sorte d'enquête fantasmagorique sur l'identité, car à mesure que Robert Klein avance dans cette enquête, sur la piste de son homonyme, une sorte de fatalité le pousse à endosser la personnalité de l'autre Robert Klein, et à rejoindre à sa place les juifs victimes de la rafle du Vel d'Hiv, un peu en rémission de ses fautes et de sa mauvaise conscience.
C'est un film un peu labyrinthique, qui vous saisit, et si vous entrez dedans, vous êtes capturé car Robert Klein et son double sont pris au piège du cheminement dramatique de la vérité. Le fait divers banal qui était au départ une simple erreur d'identité, se transforme en une véritable quête psychologique et morale proche de Kafka.
Le système de persécution et d'élimination des juifs mis en place en France par les nazis et relayé par la police du gouvernement de Vichy est froidement et méthodiquement montré par Losey qui a calqué son scénario inspiré sur une reconstitution remarquable de la France occupée, cette France de Vichy, avec l'antisémitisme et la rafle du Vel d'Hiv ; l'esthétique de sa mise en scène et son approche formelle ainsi que sa direction d'acteurs sont irréprochables, Delon entouré d'un casting réunissant le gratin du cinéma français, et qui en plus co-produit le film, y trouve après le Samouraï un autre de ses très grands rôles en prouvant qu'il n'excelle pas que dans les rôles de gangsters, c'est un film ambitieux qui mérite d'être vu.