Je reprends l'histoire, là où je l'avais laissée à la fin de Kubo et l'Armure Magique.
Pour me désoler d'une salle vide pourtant day one en pleines vacances scolaires, et alors que le hall du cinéma était plein à craquer de têtes blondes.
Pour me désoler des seulement quatre tickets vendus, pour moi, une mère de famille et ses deux enfants en (très) bas âge.
Pour une fois que j'étais favorable à faire quelques concessions question tranquillité...
Alors que ce Monsieur Link s'impose comme une nouvelle réussite de la part de Laika, en forme de compilation de leurs derniers efforts. Film exaltant la différence, comme L'Etrange Pouvoir de Norman ou Les Boxtrolls l'avaient fait avant lui, cette fois-ci mêlée à l'aventure de Kubo. En y substituant le coeur à un rythme ravageur, des péripéties picorant du côté de l'exploration, du western ou d'Indiana Jones. Le tout sur un ton très différent des oeuvres précitées, tout en restant fidèle à la magie originelle du studio.
Dès les premières images, la drôlerie s'impose, dans une séquence défiant déjà les limites de l'animation en pâte à modeler, mêlant l'action aquatique et un modèle pas très réduit. Puis le récit semble emprunter les chemins balisés de la banale quête, pour retourner les perspectives en faisant entrer en scène le trophée vendu initialement.
Monsieur Link déjoue donc les attentes avec une classe folle, orientant ses enjeux vers la quête intime, loin des discours tarte à la crème. On rit de nos propres défauts mis en scène, tout en les raccordant, le temps d'un dialogue, sur notre propension à détruire notre environnement, en les rapprochant de cette recherche vaine de reconnaissance ou de la volonté de se protéger jalousement.
Il y aura peut être un peu moins d'émotion que dans Kubo et l'Armure Magique. Mais Monsieur Link garde cependant toujours le mojo de ses créateurs au plus haut en faisant rire, rêver et se ravir d'une mise en scène encore une fois imparable, osant des plans tour à tour superbes et audacieux, portés par une caméra des plus fluides.
Laissez donc baver (c'est de leur grand âge, après tout), tous ces vieux casse-pieds cacochymes qui vous rabattront sans doute encore une fois les oreilles avec la prétendue invasion du tout CGI hérétique. Monsieur Link n'a pas à rougir devant ses grands frères, tant il exalte avec délice la magie de cette animation à nulle autre pareille, tant il semble parfois doté d'une vie propre, traversé de personnages attachants. Monsieur Link n'a rien de l'oeuvre mineure décrite ça et là.
Au contraire : délicieux, charmant, enchanteur, énergique, somptueux, passionnant, le film nous fait découvrir le monde au travers du regard d'un héros atypique sur cette société dite "moderne" en ne perdant jamais de vue son public, le temps d'une heure et de mi d'un divertissement en tous point excellent.
Je vous invite à explorer, vous aussi, son incroyable univers.
Behind_L'aventure, c'est extra !_the_Mask.