Un Berry/Berry dévitaminé
Monsieur Personne fleure bon le serial années 30 à la française et c’est probablement ce qui le sauve tout en le rendant parfaitement dispensable au commun des mortels.
Marcel Allain, co-auteur célèbre et néanmoins médiocre de Fantomas est le responsable de ce plagiat à peine voilé d’Arsène lupin où un gentleman cambrioleur fait montre de sa maîtrise mondaine et professionnelle tout en épargnant les jolies femmes selon les caprices du moment.
Autant prévenir tout de suite, face à son glorieux modèle, Monsieur Personne est encore moins que son nom, de la roupie de sansonnet dans le meilleur des cas et ce n’est pas lui rendre service que d’avoir ouvertement placé notre héros sous ce glorieux patronage.
Christian-Jaque, loin de la fougueuse maîtrise qui donnera un jour Fanfan la Tulipe se contente ici du travail minimum, et les coups d’éclat s’accumulent laborieusement, sans convaincre d’un brio particulier à son auteur…
L’artiste en question est joué par Jules Berry, cabotin comme jamais, c’est-à-dire comme toujours, il est en permanence sur la corde raide, entre la jubilation contagieuse et l’écoeurement comme lorsqu’il s’approche trop près d’une Josephine Gaël qui ne m’inspire pourtant aucune émotion particulière… La double personnalité du personnage allègrement transpercé par un abatage excessif, l’acteur arrive à la fois à être le point fort du film et son talon d’Achille, une gageure…
Malgré tout, le petit film se regarde sans souffrances, 1h25 de péripéties gentillettes, avec un inspecteur qui n’a pas inventé la poudre, un chauffeur complice, un guéridon spirite et un notaire affamé, ça ne peut pas être complètement détestable…