Prenant en compte la carrière de Chaplin, Monsieur Verdoux peut étonné aux premiers abords.

Là où Charlie Chaplin par le passé privilégiait toujours le burlesque avec comme premier ressort la maladresse de son personnage, là il interprète un homme qui tue de sang froid des femmes pour ce faire de l'argent. Nous passons donc d'un vagabond, à un serial killer froid, méticuleux, qui, à l'opposé de son prédécesseur, à une connaissance profonde des codes sociaux. L'habitus du vagabond marginale s'oppose sur presque tous les points à celui de Verdoux. Ainsi, ce film semble être en totale rupture avec le reste de la carrière de Chaplin. Et pourtant.

De la ruée vers l'or aux Lumière de la Ville, en passant par Le Kid et Les Temps modernes, Chaplin a toujours fait preuve d'un humanisme presque niait et pourtant beaux, et eu une compassion profonde pour ses personnages, même les plus négatifs. Verdoux ne fait pas exception. Ainsi, le personnage de tueur qu'interprète Chaplin ne subit pas de jugement morale, pas d'analyse politique, ce n'est pas un film à thèse, et le réalisateur va jusque à nous faire tomber en empathie avec ce personnage. D'où la scène finale, une des plus belle de Chaplin, où le personnage teste le rhum dont il ne voulait pas au début, dernière sensation qu'il aura de sa vie, car ses bourreaux l'attendent.

Aussi, la place accordé au social et a la politique reste importante dans le film. Quoique moins importante que dans Les temps moderne ou Le Kid, elle travaille le film en profondeur. Le choix de situé le film pendant la crise de 1929, place le film au centre d'une situation historique et sociale, montrant que le réalisateur n'a pas perdu son centre d'intérêt. Les motivations du personnage principale ne sont aucunement lié à une méchanceté ou un mal qui lui serait innée, mais bien une femme en fauteuil roulant et un enfant qu'il doit nourrir.

Donc, de ces précédents film, Chaplin reprend la politique et l'humanisme, mais aussi sa relation aux femmes.

Tous les films de Chaplin nous conte une histoire d'amour, en périphérie au début, et qui gagnera de plus en plus d'importance jusqu'à la fin du film (La ruée vers l'or). Le personnage de Charlot est un personnage qui va sauver les femmes de manière insouciante et maladroite, Verdoux lui les tues, méticuleusement et de manière réfléchit. On peut y voir une part de misogynie, les femmes chez Chaplin sont à sauver, et ce n'est que par l'aide du personnage masculin principale qu'elle le sera.

Bref, Chaplin reprend tous les thèmes de ses œuvres précedentes en les inversant, reprenant ainsi par la négative son personnage de Charlot, il inverse le mythe, comme si il lui avait échappé. Ce jeu avec le personnage qu'il a crée n'est pas le premier, il l'avait déjà fait avec le dictateur.


Avec ce film, Chaplin va là où on ne l'attend pas, certaines scène de tensions sont habilement construites, équivalent même les plus grand thriller, puis elles sont contrebalancées par des retours ici ou là du personnage de Charlot, comme si Chaplin ne pouvait se détacher de son image, Verdoux sourie comme le vagabond quand il essai de tuer une de ses femmes dans une barque, il tombe comme le mythe pendant une visite de sa maison.

Monsieur Verdoux s'avère donc bien être un film de Chaplin, un de ceux qui est des plus intéressant, un des plus touchants, et un des plus intelligent, confirmant encore une fois le génie d'un réalisateur trop rapidement résumer à quelques films.

raphAub
9
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le 28 juin 2024

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raphael aubanel

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