Premier film de Gareth Edwards qui l'a fait connaitre à Hollywood avant Godzilla, Monsters était annoncé à sa sortie en 2010 comme le nouveau District 9 ou le nouveau Cloverfield. En réalité Monsters c'est tout autre chose, c'est de la SF ultra minimaliste, contemplative et anti-spectaculaire. C'est à la fois l'histoire d'une pseudo invasion extraterrestre avec des monstres géants et un road movie en mode survie.
Comme District 9, Monsters est un film très engagé politiquement et qui s'imprègne de l'atmosphère du moment, les catastrophes naturelles et humanitaires (l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans) et les relations tendues entre le Mexique et les USA (la construction d'un mur à la frontière mexico-américaine).
Etant donné son budget très limité, le film est assez bluffant d'un point de vue visuel. Les paysages sont somptueux et la mise en scène en mode caméra à l'épaule est très soignée. Les effets spéciaux font un peu cheap, mais fort heureusement ils savent se faire discrets. Attention, ici il ne faut surtout pas s'attendre à voir apparaitre un monstre plein écran toutes les trois secondes comme dans Pacific Rim. Non, ici l'accent est mis sur le suspense et l'attente d'une prochaine attaque, qui bien souvent ne viendra pas. Avec sa caméra, le réalisateur joue beaucoup plus sur la suggestion que sur la démonstration. Sur la forme mais aussi sur le fond, Monsters ressemble beaucoup plus à une docu-fiction, qu'à de la SF pure. C'est un road movie à la Che Guevara avec un propos humaniste très présent et aussi sans véritable scénario, d'où un film très contemplatif. C'est beau, mais c'est très lent, d'une lenteur extrême bien appuyée par une musique et une ambiance sonore très envoutante.
Monsters est un road-movie et film de survie assez original et décalé dans son genre. Alors certes, il souffre de quelques longueurs, mais au final il remporte mon adhésion grâce à un duo d'acteurs attachants, une B.O envoutante et un visuel très réussi.