Monstres Academy
6.4
Monstres Academy

Long-métrage d'animation de Dan Scanlon (2013)

Critique : Monstres Academy (par Cineshow.fr)

Depuis quelques temps, on ne peut pas dire que Pixar honorait son statut de leader incontesté du marché de l’animation, et ce même malgré les prix qui ont pu lui être décerné pour Rebelle par exemple. Scénarios très en déca des attentes, histoires faciles et orientation hyper mercantile, autant d’indices qui ne laissaient pas imaginer le meilleur pour la suite des événements. Alors que Dreamworks nous a livré quelques petits bijoux sur les dernières années (Dragons, Les 5 légendes ou mêmes les Croods), la studio à l’origine de chefs d’œuvre comme Toy Story, les Indesctructibles, Wall-E ou Monstres & Cie premier du nom devait absolument réagir. Malheureusement, avec cette suite ou plutôt ce prequel des aventures de Bob et Sully et la suite de Nemo prévue pour 2015, Pixar a semble-t-il définitivement tourné le dos à ce qui faisait la magie de leurs œuvres d’antan, la prise de risque, l’innovation et surtout, l’émotion et la poésie. Et les chiffres au box-office US réalisés par ce nouvel opus ne devraient pas les faire aller en arrière (2e meilleur démarrage pour un Pixar)…

Dans Monstres Academy, l’histoire se déroule donc à l’époque où nos deux comparses bûchaient pour devenir les plus grandes terreurs d’élite. Le potentiel comique était par essence évidemment là, restait à transformer la bonne idée en véritable coup de génie pour que le film se hisse non seulement au niveau auquel on attend un Pixar digne de ce nom, mais surtout au niveau du premier film qui délivrait bien autre chose qu’un simple divertissement, et notamment une approche on ne peut plus élégante de l’imaginaire enfantin. Seulement voilà, l’époque n’est plus la même, et aujourd’hui, on va surtout chercher à faire rire plutôt qu’à raconter une véritable histoire. Un choix qui s’inscrit dans la même veine (sur le fond du procédé) que Cars 2 même si Monstres Academy est quand même nettement au-dessus, mais qui semble se contenter de distraire, au mieux divertir, mais sans jamais aller au-delà des attentes et surtout sans jamais chercher à surprendre. Grâce au bestiaire développé par les équipes de Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich il y a 10 ans, Pixar aujourd’hui n’a eu qu’à imaginer tout ce petit monde à l’époque de le la FAC et de balancer le scénario le plus convenu du monde pour monter le film. Résultat des courses, on est jamais surpris et surtout, tout s’anticipe bien avant que cela n’arrive.

C’est bien simple, Monstres Academy est la version “monstres” de tous les films de teens ou de sport co dans lequel un groupe de loosers va devoir s’unir pour finalement battre les équipes favorites et triompher. En soi ce n’est évidemment pas honteux, mais lorsqu’on l’on a comme référentiels des films comme Wall-E avec des prises de risque immenses ou comme Là-Haut et sa poésie folle, la comparaison fait objectivement très mal. On échappera donc pas à aucune des étapes clefs de ce parcours initiatique, qui permettra de découvrir que travailler en équipes, c’est plus profitable que seul, mais que surtout, parfois, (attention c’est une exclu mondiale), les derniers peuvent aussi être les premiers. Depuis la formation du groupe de loosers, jusqu’à la participation aux différentes étapes pour déterminer la meilleure équipe de terreur avec l’attendu duel final, la perte de confiance dans le groupe, la session motivation … pas un des jalons éculés ne manque à l’appel. En ce sens, Pixar fait preuve d’une certaine fainéantise en ne cherchant aucunement à insuffler une quelconque nouveauté si ce n’est d’adapter un univers déjà en place à ce nouveau terrain de jeu et en déroulant une trame toute faite.

Alors oui, je tire un peu le trait. Car de manière tout à fait franche, on rit assez régulièrement dans Monstres Academy. Pas aux éclats certes, mais la surenchère de gags à la fois visuels mais également dans certains dialogues plutôt malins forcent à l’empathie, notamment lorsque les clins d’œil au premier film se font identifier. Le levé de voile sur la rivalité juvénile entre un Bob très studieux et motivé, et un Sully roulant des mécaniques et un peu idiot, est plutôt intéressante et à l’origine d’ailleurs des meilleurs instants du film. Mais cela n’enlève rien au fait que ce prequel sent déjà furieusement le réchauffé tant dans la forme avec un cadre universitaire sympathique mais guère surprenant, et surtout dans fond qui développe une histoire et un discours d’une facilité énervante. Fort heureusement, la mise en scène de Dan Scanlon arrive à transformer les épreuves auxquelles participeront les équipes en mini-séquences d’action, certaines bien plus réussies que d’autres, qui permettront de redonner de la vigueur à un long-métrage avançant quasiment de manière automatique. Il faudra attendre la dernière scène pour qu’enfin on retrouve la qualité scénaristique que l’on aurait dû avoir tout le film, et cette volonté d’écrire une séquence véritablement pour les monstres, et pas simplement adapter quelque chose connu de tous et de l’adapter à un univers décalé.

Monstres Academy se consomme comme un bonbon sympathique mais à la saveur déjà connue et vite oubliable. Car dans le fond, on retenait du premier film son originalité mais aussi la manière dont il avait su toucher directement à notre imaginaire et à notre enfance. Ici, toute la poésie a disparu et si le film est plutôt plaisant à regarder, il ne marque absolument pas les esprits. En se revendiquant comme une gentille fable sociale tout en appuyant un discours sur la victoire de la méritocratie, Monstres Academy ne fait pas vraiment preuve d’innovation. Pour autant, le capital sympathie évident décuplé par le poids des années permet de faire fonctionner à peu près tout et n’importe quoi au point que l’on en devienne quasi laxiste. On est évidemment extrêmement heureux de revoir nos deux héros dans leurs histoires improbables, mais l’interdiction que semble s’être fixé le studio de proposer un fond nettement plus ambitieux et une aventure autrement plus novatrice laissera un goût franchement amer en bouche. Si l’on devait prendre le film de manière totalement individuelle, mon point de vue serait surement plus indulgent. Mais par rapport à l’histoire de Pixar, ce qu’ils ont su prouver durant leurs 10 premiers long-métrages et les monuments dont ils sont les créateurs, on ne peut que trouver la démarche de Monstres Academy trop facile, et donc décevante.
mcrucq
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le 27 juin 2013

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Mathieu  CRUCQ

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