Vous faire peur nous tient à coeur.
Passé le cap de la révolution technique de leur premier film, les magiciens de Pixar se la jouaient relativement relax en terme de défi (ce qui n'enlève absolument rien à leur incroyable talent), tapant dans le graphisme purement géométrique et évitant les éléments casse bonbon à animer comme l'eau, les poils ou des humains photo-réalistes. C'est peu dire qu'ils ont franchit un sacré cap en matière d'animation avec "Monstres et compagnie", véritable tour de force technique qui impressionne toujours autant plus de dix ans après sa création.
Construit autour d'un concept absolument grandiose (une ville peuplée de monstres se nourrissant de la peur des enfants), "Monstres et compagnie" enterre les doigts dans le nez tout ce qui a précédé dans l'univers du graphisme par ordinateur, proposant des images d'une beauté incroyable, aux couleurs pétaradantes et à l'animation d'une fluidité sidérante, l'équipe s'étant enfin attaqué à des détails aptes à vous arracher les cheveux, en témoigne la fourrure du monstre Sulli, pur casse-tête relevé haut la main.
Démarrant sur les chapeaux de roue, nous plongeant dans un univers délirant aux multiples clins d'oeil (le restau Harryhausen, Sulli amadouant la gamine comme le faisait Elliot avec E.T...) et aux créatures visuellement magnifiques et attachantes, "Monstres et compagnie" ne va malheureusement pas exploiter totalement son monde, se contentant de rester à la surface des choses et de dérouler un récit prévisible et peu palpitant, trop confiné et manquant singulièrement de la folie douce d'un "Toy Story".
S'il passe à côté d'un beau chef-d'oeuvre, le trio Docter / Unkrich / Silverman livre cependant un agréable divertissement, ponctué de vrais moments d'émotion (les rapports touchants entre Sulli et la petite Bouh), bénéficiant d'un casting vocal démentiel (Billy Crystal, John Goodman, Jennifer Tilly, Steve Buscemi, James Coburn...) et s'achevant sur un final inattendu et émouvant.