Suite à la production catastrophique de Toy Story 2, John Lasseter est complètement lessivé et décide de laisser sa place de réalisateur à Pete Docter, déjà dès 1990 un des piliers du Studio Pixar et co-scénariste du premier Toy Story. Grâce aux recettes impressionnantes du deuxième opus des aventures de Woody et de Buzz, la boîte à la petite lampe dispose désormais de bien plus de moyens et de personnel pour réaliser leurs prochains films.
Monstres & Cie est donc le premier Disney-Pixar réalisé par un autre metteur en scène que John Lasseter et force est de constater que le résultat a pourtant été payant.
Sur bien des aspects, Monstres & Cie reste dans la même veine que les précédents films Pixar mais il en améliore plusieurs éléments.
Après avoir mis en image les aventures de jouets et de fourmis, le studio décide d'explorer à travers ce film l'univers des monstres via la Mégalopole, Monstropolis. Situé dans une autre dimension (sans pour autant que le film ne parle d'aliens , une excellente idée au passage), la ville n'a qu'une seule source d'énergie pour alimenter chaque bâtiment en électricité: Les cris des humains, plus particulièrement ceux des enfants. À partir de cette mise en place très ingénieuse, Pete Docter décrit le quotidien des monstres non pas comme un passe-temps mais comme un véritable travail. La peur est utilisée comme un savoir et chaque monstre se doit de perfectionner ses techniques s'il veut servir la communauté via la plus grande entreprise de la ville: Monstres & Cie.
C'est le premier gros point fort du film, son univers. Pixar arrivent non seulement à nous immerger dans leur monde entièrement composé de monstres mais surtout, ils le rendent si réel. En montrant autant de personnages à l'écran et en explorant le monde du travail, les studios parviennent à livrer une parfaite satire de la société moderne tout en rendant leur univers cohérent et riche. L'animation joue un gros rôle comme d'habitude. Passant des couleurs chaudes du quartier de Bob et Sulli aux teintes bleutées de la froide société Monstres & Cie, le film crée une atmosphère particulièrement réussie et arrive à rendre les séquences dans l'usine fort divertissantes. À noter évidemment les mouvements des poils de Sulli toujours aussi bluffants. Le savoir-faire de Pixar fait des merveilles!
La deuxième plus grosse réussite du film réside en le personnage de Bouh. C'est la première fois que Pixar parvient à créer un personnage humain avec une certaine dimension émotionnelle. Non seulement ses expressions faciales représentent une grande amélioration par rapport aux précédents films du studio mais surtout, l'idée que la gamine n'ait qu'entre 3 et 4 ans, ne pouvant dire que quelques mots très simples en conservant une grande naïveté est géniale. Ainsi, la scène où Sulli la terrifie involontairement est extrêmement prenante et émouvante tant les émotions de la fillette sont compréhensibles. Le duo qu'elle forme avec Sulli amène de nombreux rires. Voir une créature aussi imposante avoir peur d'un p'tit bout d'chou pareil ne peut provoquer que l'hilarité. Même si l'humour est globalement de très bonne facture, le deuxième tiers du film possède un tout petit peu trop de remplissage, il aurait été préférable que certains gags soient coupés (même si je l'admets, la scène avec les ordures m'a mis au tapis).
Mais c'est vraiment du chipotage. Le film a énormément de bons passages et beaucoup de sincerité dans son récit. Le climax est d'ailleurs très imaginatif et impressionnant. Quant à la musique une nouvelle fois confiée à Randy Newman, elle est comme toujours excellente, parfaitement dans le ton et avec un thème principal entêtant à souhait.
Toutes les qualités de Monstres & Cie sont reconnues par la critique et le public qui l'acclament autant que les autres Pixar et lui réservent un accueil au box-office encore une fois excellent. Il manquera de peu l'Oscar du meilleur film d'animation, perdant face à Shrek (pourtant moins bon) mais vieillissant bien mieux que ce dernier. Monstres & Cie n'a pas volé sa réputation de film culte. Il est à voir et à revoir encore et encore.