Devant Montana Story, on n'a qu'une envie : boucler ses valises et partir s'installer dans ces contrées lointaines... Il faut dire que ce drame utilise tous les attraits locaux du Montana qu'il a en poche, et il a bien raison pour une fois, car ce sont des images d’Épinal que l'on est bien contents de voir surgir, nous aidant à nous dépayser et à nous laisser charmer fortement par ces paysages filmés amoureusement, par cette musique folk qui nourrit la bande-son du film, par cette Jeep qui file à toute allure sur les grandes routes désertes, par ces chevaux courant dans le sable ou trottant sur la crête d'une colline par soleil couchant... Oui, on s'est pris à soupirer de devoir, à la fin de la séance, retrouver notre train-train de bitume et d'acier, Montana Story nous ayant fait goûter à ce que la nature américaine des grands espaces a de meilleur. En-dehors de ce savoureux dépaysement, on retrouve une histoire assez classique de famille qui se rejoint dans leur maison d'enfance afin de gérer la fin de vie du patriarche, ce qui fait rejaillir des traumatismes du passés mal enfouis, ou simplement fuis sans se retourner. L'intelligence du film est de ne pas en faire de trop avec cette trame dramatique, afin de laisser assez d'espace au spectateur pour projeter sa propre expérience quant au paternel (qu'il soit toujours là ou non), pour arriver à exorciser des moments difficiles qu'il reconnaît ou non. Chacun vivra donc la fin d'une façon totalement différente,
tandis que nos accompagnateurs pleuraient le décès du père, nous avions, après avoir entendu ses agissements ignobles sur son ancienne femme et sa fille, plutôt un véritable sentiment de soulagement (osera-t-on dire "joie" sans passer pour un monstre ?).
Si l'on a parfois trouvé le rythme un peu pépère, on s'est largement rattrapé par le binôme d'acteurs très complémentaire (Haley Lu Richardson en jeune femme qui se retient de crier toute sa colère, et Owen Teague en grand frère plus réservé qui ne sait pas quelles décisions prendre),
par le beau parallèle entre l'euthanasie (avortée) du vieux cheval valeureux et le débranchement (effectif) du vieil homme infect,
par la bande-son sympathique couplée à des images qui nous donnent envie de prendre le prochain vol en classe éco. Mention aux personnages secondaires qui, l'air de ne pas y toucher, sont très construits et défendent une vision moderne des aide-soignants qui s'adaptent aux enjeux de toute une famille, et des indiens relégués dans des réserves qu'ils occupent malgré eux et faisant business comme ils le peuvent. Avec cette famille qui cache des secrets attristants, les personnages sont les garde-fous qui nous rappellent la réalité derrière la carte postale. On voyagera donc seulement deux heures sans regrets, avec un final qu'on n'oubliera pas de sitôt, chacun le vivant à sa manière.
Pour nous : confetti, on préférait largement sauver le cheval.