Leçon pour foirer un excellent sujet
Le film s’achève et le premier mot venant à l’esprit est enfin. Enfin. Ce qui devait être un très bon moment en perspective, intelligent, campé par une bande de très bons acteurs au sommet de leur art s’achève, ENFIN.
Le sujet est méconnu et passionnant ; une équipe improbable menée par un expert en art, Mister Georges, doit suivre les armées alliées entre 1944-1945 pour sauver l’art que cherche à confisquer, quand ce n’est pas à détruire, Hitler et sa bande de Nazis. Estampillé « histoire vraie vécue pour de bon qu’elle est vraiment véritable » ce film a de solides atouts. Le sujet, donc, le casting aussi, entre un Clooney, Damon, Murray, une Cate Blanchett toujours aussi froidement attirante, notre Dujardin national, franchement, ça envoie du bois. Et que dire du superbe effort de reconstitution avec son lot de matériel tout droit issue de magnifiques collections privées. Franchement, c’est même parfois bluffant de revoir une Kubelwagen , toujours épatant de croiser un P47, ahurissant de voir une BA64 se frayer un passage à travers les embuches d’une route allemande …
Oui mais mayrde alors, que ce fut chiant. Manquant de rythme, de profondeur quant au traitement des personnages et, c’est un comble, du fond, cette histoire pâtit d’une écriture assez pauvre, d’une cohérence chronologique confuse, de situations mises bout à bout sans autre ambition que de nous ballader à travers l’Europe en ruine. Et puis quitte à sortir du matériel de haute volée en lieu et place des usuelles maquettes, bordel mais alors autant filer 2000 euros à un historien pour vérifier la copie ! Entre une carte en 1943 qui donne déjà le lieu du débarquement en Normandie et a délivré l’URSS, une zone sud aux mains de Vichy rappelée à plusieurs reprises avec sa ligne de démarcation … qui permet à Damon d’avoir peur d’être arrêté en juillet 1944 à Deauville par des Vichystes … je suis resté interloqué.
Encadré par une musique pompeuse et chiante, joué par de bons élèves qui comptent surtout sur leur présence pour sauver le film, cette copie trop propre, trop lisse, manque son but. Lénifiantes, les scènes d’humour tombent à plat. Pathétiques, les scènes d’actions lorgnent de très très loin vers le travail de Spielberg avec Ryan. Simpliste au possible envers des soviétiques très manihéens face aux gentils alliés de l’Ouest, il manque de nuances et de percussion envers les nazis. Et au final cette œuvre s’est juste permis de vider de tout intérêt un sujet vraiment passionnant. What Else ?