Il est vrai qu'il m'est impossible d'avoir un avis objectif sur ce film tant l'environnement dans lequel je l'ai visionné était déplaisant, que dis-je, propice à un naufrage dans la folie. Je vous explique la situation, Arras, ville de 45.000 habitants, petit cinéma de quartier, salle de 80 personnes pleine à craquer, 35°C, fauteuils délabrés tous justes capables d'accueillir les fesses d'un enfant de 10 ans. Je m'installe, le film commence et je remarque qu'avec la chance de cocu que j'ai, je m'étais assis à côté de la vieille commère tout droit sortie de sa campagne Pas-de-Calaisienne après avoir subi la promotion assommante du 5ème long métrage de George C. le dimanche soir chez Drucker sur France 2. A chaque scène, des commentaires et des remarques. Au bout de 20 minutes de film, un héros sorti de la rangée d'en face lui demande gentiment de fermer sa grande gueule. Que Dieu le bénisse.
Si je devais qualifier ce film en un seul mot je le définirais d'ennuyeux, et pourtant au départ tous les éléments étaient là: casting de rêve (les talents d'acteurs sont bels et bien là), sujet intéressant (la traversée d'une Europe en guerre par des amoureux de la peinture et de la sculpture souhaitant sauver un patrimoine artistique menacé par les méchants Nazis) ainsi que les moyens de production (70.000.000 $ ainsi que le partenariat de 4 sociétés de production). Malheureusement, cela ne suffit pas.
Je ne remets pas en cause les talents de réalisateur de Monsieur Nespresso, car, de un, c'est mon tout premier Clooney et, de deux, on ne m'avait dit que du bien de ses précédentes œuvres et notamment de: Confessions d'un homme dangereux et Les marches du pouvoir. Ce qui cloche ici, c'est le scénario, beaucoup trop faible pour combler le spectateur pendant deux heures. Les personnages se dispersent dans le temps et l'espace, et nous on se perd dans cette Europe dévastée. En visionnant la bande annonce, je pensais partir pour un bon road-movie bourré d'humour (John Goodman + Bill Muray), en plein seconde Guerre Mondiale mais le fait est que le film n'apporte rien de plus à la B-A...
De plus, il y a deux petits points assez énervants dans ce Biopic faible en aventures. Le premier c'est la petite conversation privée (avec, bien sûr, croissants, verres de vin rouge, camembert: ATTENTION cliché, il ne manque plus que les cuisses de grenouilles et les escargots) entre Cate Banchett et Matt Damon qui fait passer Paris pour une ville de débauche où les hommes viennent se vider les couilles et trompent tout le monde avec tout le monde. Désolé, Paris n'est pas plus la capitale de la luxure qu'Amsterdam, Londres ou New-York. Le deuxième point qui me titille c'est, comme tout le monde a pu le remarquer, le manichéisme pathétique dans lequel s'enfonce George Clooney qui sépare les méchants Russes d'un côté et les braves soldats Américains venus sauver le vieux continent de l'autre côté (scène finale à la sortie de la mine).
En conclusion, Monuments Men est un film moyen et décevant qui avait pourtant tous les moyens (financiers, techniques et humains) pour être une réussite cinématographique, mais qui, par des impasses scénaristiques se laisse aller et se contente du minimum syndical. On ne s'attache pas aux personnages et on ne sait plus quand rire ou pleurer. Aucune émotion ne se dégage de l'âme du spectateur à tel point que lorsqu'il vient à arriver malheur à un des héros, on s'en tape. Dans une conclusion assez matérialiste, Clooney nous prouve que l'Art est une cause pour laquelle il vaut la peine que des hommes se sacrifient mais il n'a pas beaucoup sacrifié de son être pour faire de son cinquième long métrage un chef d’œuvre.