Gens de la lune
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le 8 mars 2011
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Le futur proche. Sur la Lune, Sam Bell achève sa mission de trois ans : chargé de superviser une base autonome d’extraction d’hélium 3, seule réponse à la crise de l’énergie sur Terre, il lui tarde de rentrer chez lui pour retrouver sa femme et sa petite fille. Mais alors qu’il ne lui reste plus que trois semaines de contrat à honorer, Sam commence à souffrir de vertiges et d’hallucinations… L’isolement a-t-il eu raison de son équilibre mental ? À moins qu’il s’agisse d’une machination de ses employeurs…
Moon est la parfaite démonstration que même un « fils de » peut avoir du talent : Duncan Jones nous livre ici ce qu’il convient d’appeler un petit bijou de la science-fiction au cinéma, à travers un huis-clos basé sur une actualité pour le moins préoccupante dont il extrapole des répercussions possibles – non sur l’évolution de la société mais sur la raison d’un homme isolé dans une base lunaire dont il doit superviser le moindre système pour en assurer le bon fonctionnement. Cet aspect au premier abord un peu froid se fissure assez vite pour révéler le drame humain de Sam Bell – interprété par un Sam Rockwell époustouflant – dont la raison vacille au fur et à mesure qu’il comprend quel est son rôle précis dans cette station spatiale isolée sur un monde mort.
Bien trop rarement le cinéma de science-fiction aura atteint un tel sommet du drame, du doute de soi, de ce qui nous définit comme des êtres humains, des individus à part entière devant les exigences du bien du plus grand nombre, des sacrifices qu’il nous arrache, de la folie qu’il distille en nous. L’horreur reste ici invisible, et quand elle arbore un visage c’est pour nous renvoyer le nôtre – tout aussi fou, halluciné et paumé que nous le sommes face à cette réalité qui frise l’abscons à force d’inhumanité. Sam Bell n’est qu’un rouage dans une machine bien trop vaste pour qu’il puisse l’embrasser toute entière d’un seul regard – ce qui ne va pas sans rappeler une autre actualité, bien plus immédiate celle-là.
Ainsi Sam se voit-il tomber malade et croupir – bien plus longtemps qu’il le voudrait – avant de mourir. Puis s’enterrer, là où tout a commencé d’ailleurs. Pour rentrer chez lui, enfin… Il l’a bien mérité : en fin de compte, il aura tout perdu dans cette mission – sa famille d’abord, certes, mais surtout lui-même. Il lui restera à se réinventer, à se redéfinir, à travers une conclusion ouverte qui ressemble moins à un happy end qu’à une expiation : non pour lui-même, mais pour cette part de lui-même restée là-haut, sans oublier toutes celles qui suivront…
Bien sûr, certains trouveront, et avec raison, que l’ensemble se montre somme toute assez prévisible. Pour autant, Moon ne se veut pas un récit à révélation et encore moins à chute. Au contraire, il s’agit avant tout d’une image de la cassure salvatrice d’un cercle infernal, non à travers une rédemption, puisque Sam Bell n’est pas coupable finalement, mais bel et bien d’une rémission, voire d’une réparation puisqu’il est avant tout une victime.
Pour ses images au réalisme sans faille, pour sa métaphore d’un présent aux allures de vaste fourmilière, pour son coup d’essai qui s’affirme comme un véritable coup de maître enfin, Moon est certainement un des meilleurs films de science-fiction de ces dernières années, et peut-être même un des meilleurs films du moment tout court.
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Créée
le 8 mai 2011
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