Première fois que je ressens le besoin d'écrire à propos d'un film sur SensCritique. Seconde claque depuis Divines en 2016. J'ai le sentiment d'avoir vu un grand film, aux images d'une beauté et d'une simplicité saisissantes. Du début jusqu'à la fin, on se délecte de chaque silence. Aucun malaise, juste un immense sentiment d'accomplissement lors de la dernière scène. Si les dernières secondes me laissent ahurie, pour la première fois depuis longtemps, je n'ai aucune envie de savoir ce qui se passe une fois le générique de fin annoncé. C'est un suspense tacite, comme contracté entre le réalisateur et le spectateur. La lumière, la réalisation, le jeu des acteurs, la bande originale, les dialogues, les regards, les silences, les portraits : tout est d'une beauté inachevée, comme les scènes d'un livre qu'on ne parviendrait pas à se représenter totalement. Barry Jenkins nous offre une proposition, sa vision adaptée de In Moonlight Black Men Look Blue de Tarin Alvin McCraney. J'ai été profondément bouleversée par le jeu puissant du jeune Ashton Sanders, et le regard entêtant de Trevante Rhodes. Ce film est un triptyque temporel, qui nous invite à envisager l'homosexualité non pas uniquement comme un tabou perpétuel, mais comme un sentiment qui se partage, l'acceptation finale d'un destin, l'accomplissement de soi.