Difficile de critiquer Moonlight tant le sujet est aussi casse gueule qu'intéressant.
Pour ma part, j'ai vraiment aimé le film dans ce qu'il nous donne, ce qu'il tente de transmettre par une réal bien foutu malgré une caméra qui peut donner le tournis.
Trois parties, trois moments dans la vie de Chiron qui sont finalement indissociables au fur et à mesure que le film avance. Pourtant, le début est aussi intéressant qu'ennuyant, de la découverte de l'environnement et de Juan, personnage secondaire et pourtant important, au mutisme systématique d'un enfant dont on a du mal à saisir les vraies difficultés (à part s'isoler dans son silence).
Mais finalement cela va donner du sens à l'adolescence qui sera définitivement le moment le plus dur et violent de la vie de Chiron. Car une fois adulte, après une transformation spectaculaire, il nous emporte entre masculinité exacerbé et une sensibilité à fleur de peau. Qui se traduit par une énorme scène de conclusion, tout en retenu et en émotion.
Malgré ces qualités, le film peut effectivement déplaire à ceux :
- qui aiment que les personnages parlent, parlent et parlent encore (surtout le personnage principal)
- qui s'imaginent qu'être gay aujourd'hui c'est simple et qui ne conçoivent donc pas que le personnage souffre
- qu'un gay c'est forcément un gars efféminé (qui ont donc du mal dans le passage ado/adulte)
- qui préfèrent les caméras fixes
Au delà de tout ça, le film vaut son pesant d'émotion, puisant au fond de nous, pour le peu qu'on ait un poil d'empathie pour Chiron.