Cela va faire un bon bout de temps que je n'ai pas mis mon grain de sel ici... Affolant le nombre de CSI ("Les Experts" en français) qui sont arrivés ici depuis. Ça dissèque les films jusqu'au niveau moléculaire du morceau de celluloïd pour juger de sa qualité. Et pour les critiques de Moonlight, c'est bel et bien ce que j'ai pu constaté. Les avis sont partagés entre ceux/celles qui l'ont dépecé, puis désossé, analysé dans sa structure jusqu'à sa dernière particule pour tout remettre en place et s'assurer que tout était cohérent (le plus souvent ils n'ont pas aimé), puis ceux qui se sont plus penché sur l'histoire et qui s'intéresse plus au récit (avis partagé) pour arriver à la catégorie qui me concerne (bref ceux qui parlent tout simplement de leur ressenti).
Contrairement à la première catégorie, j'apporte pas mon microscope au ciné, car à mon sens c'est un moment que je passe (et de l'argent que je dépense) dans le seul but de me distraire ... après effectivement la séance me permet de pouvoir apprécier ou au contraire pas du tout.
Pour ma part, je savais fort bien ce que j'allais voir (ou en tout cas je croyais le savoir) et finalement après lecture des avis partagés ici, je me rends compte que comme beaucoup, j'ai pu me tromper, d'où cette angoisse toute relative à laquelle on peut s'exposer.
Finalement c'est un film sur un personnage (même pas véritablement son évolution), mais plus particulièrement 3 phases de sa vie qui permettent au spectateur d'élucider plus ou moins sa constitution, qui il est (bref ce que beaucoup de films s'évertuent à exprimer en des termes manichéens car justement chose plutôt compliquée à faire au cinéma).
Au sortir du film, je me suis tout simplement trouvé à la fois perplexe et mélancolique.
La première partie du film m'a paru très longue (alors que très probablement les 3 sont proches en terme de durée), et au contraire la dernière partie du film m'a semblé bien plus courte que les 2 autres. Donc, comme d'autres ici un sentiment partagé sur l'équilibre du film.
Je me suis retrouvé véritablement dans l'ambiance d'un "Boyz N' the Hood" non pas dans l'histoire, mais dans sa forme, puis cela a pu me faire penser à "Praia do Futuro" en ce qui concerne son ambiance générale.
Je pense que ce qui peut faire rebuter le spectateur, c'est que finalement, le déroulement du film est tout aussi introverti que son personnage. Ce personnage qui comme dans Praia do Futuro a énormément de mal à se situer ; qui, même s'il a du mal sinon même à déterminer ce qu'il apprécie, n'a aucun mal à mettre le doigt sur ce qui le mine. Chiron subit sa vie, d'abord dans son enfance, car déjà il n'est pas perçu comme les autres (là où finalement cette première partie est déterminante), ensuite pendant son adolescence, non pas parce qu'il est "gay", mais bien parce qu'avant toute chose, il est loin de la norme, ce qui d'ailleurs séduit d'emblée Kevin (qui, lui, suit les codes de l'hypermasculinité dans ses apparences sans pour autant ne pas être insensible déjà à ceux qui en sortent justement).
Donc, il reste évidemment énormément de zones d'ombres dans le récit, mais n'est-ce pas là une évidence puisque dès le départ on sait que le personnage principal est non pas énigmatique, mais introverti.
Néanmoins, il n'en demeure pas moins attachant. Et il se dévoile, mais effectivement très lentement, d'une part parce que la vie qu'il subit le rend peu bavard, et que les brimades qu'il endure (et non des moindres celle de son meilleur ami) ne lui laisse que peu de place pour exprimer librement qui il est.
Pour conclure, je pense que cette histoire est touchante, tout en retenue, certes même si, je l'avoue aussi, une partie sur la transformation de Chiron à Black aurait été la bienvenue. Son absence quelque part atteste aussi qu'elle reste tout simplement bien de moindre importance, par rapport à ce sentiment d'appartenance qu'il peut procurer au personnage. Mais, si cela lui convient, la dernière partie est bien là pour nous rappeler, que cet homme, ce n'est pas Chiron, comme le lui fait remarquer celui qui de tous les personnages, finalement le connait le mieux.

Damien_Guilbault
8

Créée

le 15 févr. 2017

Critique lue 469 fois

2 j'aime

Critique lue 469 fois

2

D'autres avis sur Moonlight

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Moonlight
JérémyMahot
4

Un scénario lunaire

Moonlight, comme son personnage principal, a du mal à se situer : le film de Barry Jenkins se présente d'abord comme un témoignage social, à vif, caméra à l'épaule dans le style des frères Dardenne,...

le 11 févr. 2017

63 j'aime

Moonlight
Plume231
3

La seule chose à retenir : la bourde la la landienne !!!

Les vannes de Jimmy Kimmel, les très nombreuses piques anti-Trump de la part de Kimmel et des différentes stars qui ont défilé sur scène, des noirs récompensés à profusion pour tenter de faire...

le 1 mars 2017

37 j'aime

5

Du même critique

Week-end
Damien_Guilbault
9

Attention SPOILERS - ... ils se sont trouvés

Touchant à souhait et chargé des sentiments exprimés, presqu'uniquement de façon implicite, en toute pudeur, par le jeu des acteurs ainsi que le scénario. Toujours sur le sujet de la perception,...

le 27 oct. 2014

2 j'aime

Praia do Futuro
Damien_Guilbault
6

Un "presque" superbe.... (Attention mini spoilers)

A l'instar de l'avis d'un(e) autre internaute (mymp), il semblait manquer ce tout petit truc qui fait que .... et qui change quelque chose de "pas mal" en exceptionnel ! Pour autant, en ce qui me...

le 22 déc. 2014

1 j'aime

Under the Dome
Damien_Guilbault
1

Après 4 épisodes, je déclare forfait ...

L'idée pourtant semblait alléchante, qui plus est avec à la source des noms comme Stephen King... mais là vraiment, de qui se moque-t-on? Ou alors cette série est d'emblée conçue pour les ados (sans...

le 28 oct. 2014

1 j'aime