Ce film est beau. Il soulève un tas de sujets lourds et délicats de façon subtile et sensible. Il traite pêle-mêle, d'amitié, d'amour, d'homosexualité et de la violence des rapports humains dans Liberty city, un quartier de Miami réputé pour être un point central dans le trafic de drogue (les amateurs de GTA seront de quoi je parle). Dans ces conditions, les perspectives d’avenir de Chiron, jeune noir au tempérament et à l'attitude très éloignée des petits caids de son quartier, sont très sombres. Il est renfermé, impassible et très seul. Né sans père et d'une mère junkie, Paula, qui est incapable de s'occuper de lui, le jeune garçon trouve refuge auprès de Juan. Ce dernier est le boss du trafic de drogue et il va prendre le petit Chiron sous son aile, il lui présente sa femme, Teresa avec qui il nouera également des liens.
Dans la première partie du film, Chiron enfant subit. C'est le souffre douleur de tous ses camarades et cela se poursuit jusqu'à son adolescence. Et comble de désespoir, le seul qui lui prêtait un minimum d'attention, Kevin, sera celui qui le battra violemment dans la cour du lycée.
Ce combat entre les deux jeunes adolescents sera l’événement déclencheur, il y aura chez chiron un avant et un après et cela est rendu magnifiquement bien par le jeu brillant des trois acteurs. Ils jouent le même personnage, nous le reconnaissons parfaitement et pourtant tout dans le regard à changé. De l'enfant, il passe brutalement à l'adolescent qui découvre la haine et à l'adulte désormais respecté. Chiron adulte marche sur les pas de Juan, seul figure masculine et positive de son enfance. Comme lui il a la couronne qui évoque Basquiat dans sa voiture tape à l’œil et le bonnet gangsta à la 50 cent. Tout deux sont dealers non par choix mais pour survivre dans cette jungle.
Côté interprétation, on découvre une ribambelle d'acteurs sublimes qui nous font plonger dans ce quartier sulfureux qu'est Liberty City. Mention spéciale pour le jeu tout en nuances de l'actrice qui joue la mère perdue de Chiron.