Ce film à été un long chemin de Croix pour moi. Une longue attente, de démarrage, d'accélération. A un moment j'y ai cru, quand cernés par les caïds Chiron laisse sortir toute la violence qui sommeillait en lui. Mais c'est aussitôt retombé, dans une éllipse hyper longue, de dizaine d'année, qui coupe sous le pied l'herbe du désir qui grimpait en moi. Et on retombe dedans, dans une lente et sourde mélancolie, des silences interminables, des regards qu'on voudrait doué de parole. Mais rien ne vient, les émotions brutes, les situations toutes aussi brutales et le contexte émouvant ne font pas tout, et noie en moi un film qui portait sûrement tous mes espoirs. Trop d'espoir. Le poids d'un Oscar est parfois lourd à porter, et son jugement sans pitié. Dans la lignée des oscarisés que j'ai pu voir, Moonlight est clairement à la traîne. Il touche et il émeut, mais ne fais rien vivre, c'est une fresque sans couleur, sans aiguillage. Je me suis senti comme un enfant qui ne sait pas lire devant un panneau publicitaire : on distingue, on aime ou pas les couleurs et ce qui attire notre regard, mais on ne comprend rien, on subit. Trop cinéma d'auteur pour moi, trop de non dit et pas assez de tendresse verbale...une déception qui n'enlève rien à un plaisir réel à voir une situation d'une réalité troublante, comme spectateur du coin de rue. Une belle histoire et une situation émotionnellement très touchante. Mais un film moyen, creux, sans substance.
Je retiendrai qu'il ne faut pas toujours qu'une bonne histoire pour faire un bon film, ni de bons acteurs...Moonlight sonne creux, mais ne sonne pas pour autant "mal".