Auréolé de l'oscar du Meilleur Film, Moonlight est indéniablement l'un des long-métrages qui a fait sensation en cette année 2017. Son sujet et le contexte actuel des choses faisaient de lui un vrai challenge à relever. Barry Jenkins y est-il parvenu ?
A vrai dire Moonlight possède en effet bon nombre de qualités qui font de lui un excellent film. Cela-dit même si l'histoire me parle et me touche, elle possède aussi quelques grosses ficelles parfois un peu trop gênantes qui viennent gâcher les surprises qu'auraient pu réserver le film. Si la quête identitaire de Chiron est tout à fait juste et bien amenée, certains éléments la concernant sont trop prévisibles comme en témoigne cette scène de la plage, magnifique bien sûr, mais que l'on voit venir de loin. Dans une autre mesure le segment sur l'âge adulte du héros est un cran en-dessous des deux autres, alors que jusque là le récit alliait habilement tension, justesse et brutalité.
Néanmoins ce que le film a pour lui c'est son sujet, une histoire pareil est malheureusement nécessaire à montrer encore aujourd'hui. D'autant plus aux États-Unis. Barry Jenkins parvient à créer un vrai impact émotionnel tout en demeurant dans la pudeur, qu'il préfère styliser, ce qu'il fait d'ailleurs très bien. La photographie est sublime et la mise en scène de Jenkins laisse transpirer les émotions des personnages pour mieux inspirer le spectateur, créant ainsi une immersion totale. Côté casting c'est aussi du tout bon, notamment Ashton Sanders qui joue Chiron adolescent. Le petit Alex R. Hibbert est impeccable lui aussi et Trevante Rhodes n'est pas vraiment aidé par la partie adulte de Chiron dans laquelle il joue. On sent malgré tout poindre dans son jeu une certaine justesse et un charisme indéniable qui n'explosent jamais à l'écran, c'est dommage et triste.
Moonlight est donc un film juste malgré quelques fausses notes. Si son sujet lui permet d'aborder certaines thématiques nécessaires, la mise en scène et la photographie quant à elles en font un film magnifique et percutant. C'est donc d'autant plus dommage que le dernier acte ne soit pas à la hauteur.