Nous suivrons dans Moonlight trois périodes de la vie de Chiron, son enfance, son adolescence et sa vie d’homme. Chiron est un garçon noir issu d’un quartier pauvre de Miami. Souvent rejeté et insulté, celui-ci est dans une véritable quête d’identité jusqu’à sa prise de conscience que sa préférence sexuelle s’oriente vers les autres hommes, du moins un autre homme. Moonlight est une quête sur l’apprentissage de la vie filmée avec une sensibilité intimiste et dans une photographie sublime. Si l’histoire avait tout pour faire chavirer les cœurs, elle le sera mais sans avoir à manipuler son public. Nous devons cette force à l’interprétation des trois comédiens qui incarnent Chiron sur ses trois périodes de vie. Ces derniers, totalement différents, insufflent une identité déconcertante et follement réaliste. Alors que les séries télévisées prenaient le relais sur un cinéma américain qui n’osait plus s’immiscer sur ce terrain, Moonlight apporte l’ambition du poing levé face à l’homophobie, la xénophobie et la nouvelle ère Trump. Le coup de maître de Barry Jenkins est d’apporter un tel degré de bienveillance à son long-métrage que le sujet est traité avec une douceur vibrante et bouleversante. Ce n’est pas pour rien que Moonlight est aujourd’hui l’Oscar du Meilleur Film.