James débande.
Pas évident pour un reliquat de la Guerre Froide , macho et un peu con, de cohabiter avec les étoiles. Le temps qui passe fait des ravages et James Bond est comme nous tous, il ne rajeunit pas. Il a...
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Après L'Homme au pistolet d'or qui n'a pas fait l'unanimité en 1974, Harry Saltzman a quitté la production des "James Bond", laissant Albert Broccoli seul aux affaires. En produisant seul L'Espion qui m'aimait trois ans après (le plus long délai entre deux épisodes à l'époque), il risquait gros, car le filon aurait pu (dû ?) s'arrêter là. Inutile de dire que lorsque le film a connu le succès considérable que l'on sait, Broccoli a jubilé comme jamais. Euphorique, plutôt que mettre en chantier Rien que pour vos yeux, comme annoncé dans le générique final, il s'est dit qu'il pourrait sûrement se faire encore beaucoup de pognon s'il parvenait à tirer un peu plus sur la corde.
Et pour tirer sur la corde, il n'y a pas été de main morte ! Et sans jamais hésiter à se foutre de la gueule du monde. Comme en 1977 La Guerre des étoiles et Rencontres du 3e type ont aussi fait les cartons que l'on sait, Albert Broccoli (qui se voit en génie créatif) a eu la grande idée de faire un "James Bond des étoiles". Résultat : Moonraker.
Et pour ça, pas besoin de se casser la tête. Ils ont repris le scénario de L'Espion qui m'aimait (déjà remake de On ne vit que 2 fois) qu'ils ont confié au même réalisateur, Lewis Gilbert (qui avait aussi dirigé On ne vit que 2 fois dont l'intrigue était déjà spatiale) ce qui fait qu'il a fait trois fois le même "James Bond". Ils ont récupéré Requin et remplacé la partenaire soviétique (Amasova) par une étasunienne (Goodhead), etc... (on ne va pas tout lister).
Évidemment, le résultat est affligeant. On ne compte plus les fautes de goûts (le 007 sur l'appareil photo miniature, le tueur dans le cercueil, la mise à sac du musée, les gadgets du Dr. Goodhead), les références à trois balles (thème de 2001 ou de Rencontres du 3e type) ou les moments consternants qui rivalisent de ridicule (la gondole de la place Saint-Marc, Bond en Clint Eastwood sur l'air des 7 Mercenaires ). La palme du Grand Guignol étant attribuée aux amours de Requin avec sa blondinette nattue. Écœurant.
D'ailleurs, si le très populaire personnage de Richard Kiel était valable dans L'Espion qui m'aimait, bien que déjà décalé dans l'univers bondien, il devient totalement grotesque dans Moonraker. C'est un personnage de Comics, pas de "James Bond". Tatiana Amasova avait un charisme fou dans le film précédent, Holly Goodhead est le glaçon le plus gelé de la banquise. Stromberg fascinait, Drax ennuie. Les décors de Ken Adam étaient fabuleux, ici ils sont froids et austères. La musique de Marvin Hamlisch était à l'unisson des images, celle de John Barry (pourtant bonne), est trop souvent inadaptée à l'action. Mieux vaut l'écouter indépendamment du film.
Aucun "James Bond" n'est un chef-d’œuvre du cinéma, ou un indispensable, et ça n'a de toute façon jamais été le but. On n'est pas là pour ça. On en trouve cependant de très bons et même d'excellents. Et s'il y en a pas mal de médiocres ou de franchement mauvais, celui-là les dépasse tous de très loin. Ce film putassier est de loin le plus racoleur de la série, parce que la production a montré sans vergogne qu'elle souhaitait se faire le maximum de blé en surfant sur la vague spatiale en vogue plutôt qu'en essayant de faire quelque chose de créatif et peut-être un peu plus risqué.
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Créée
le 28 nov. 2024
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