Moonrise Kingdom par QuentinW
Réécrire la Bible, c'est ce qu'à tenter de faire Wes Anderson avec son film Moonrise Kingdom. Son scénario s'amorçant avec une représentation de l'Arche de Noé et de son corbeau mystérieusement disparu. On y suivra le premier amour du jeune scout Sam (Jared Gilman) qui est l'image même de Jésus Christ, Suzy (Kara Hayward) alias Marie Madeleine. Suivit de ses apôtres il tentera de faire perdurer cette (pas tant que ça) innocente relation. Des scènes comme Le Diner, la résurrection, la dénonciation par Judas ou encore la Crucifixion de Jésus sont illustrées par la réalisation originale d'Anderson.
Ce compte s'orchestrera (littéralement) à travers une musique presque omniprésente. Au premier plan, le frère de Suzy fera jouer un vinyle de Benjamin Britten nous initiant à l'univers musical de ce film. Et ceci continuera entre les clairons des scouts-kaki et le tourne-disque qui accompagnera le périple du jeune couple. Le tout met l'accent sur le rythme et la droiture de la réalisation. Malgré la symétrie colossale mise en place et les travellings rigoureux des longs plans de la première scène, l'architecture chaotique de la maison de Suzy ainsi que la fugue subite des deux enfants nous pousse à remarquer qu'aucun système n'est parfait. C'est un grain de sable dans un mécanisme d'horlogerie. Il dérègle tout ce qui était précédemment établi (une famille isolée et un camp de scout rigide).
Wes Anderson aura su diriger son casting imposant (cinq grands noms du cinéma au moins) pour en faire des personnages emblématiques, mais n'étouffant pas le rôle des deux amoureux. Ces derniers accomplissant leur première prouesse dans le monde du 7e art. Le premier rôle au grand écran a été une réussite. Sa réalisation bien particulière n'aura fait que dépeindre au mieux le fond d'un scénario loin d'être mauvais et abordant des thématiques plutôt sensibles.