Demain, je me fais Parisien
La plus grande qualité de Moonrise Kingdom est de ne pas prendre au sérieux le genre dans lequel il évolue. Que ce soit la romance, la comédie, l'action ou le thriller, il détourne tous les codes pour accoucher d'une simili-parodie qui ne se vautre pas dans le grotesque (on est à 10 000 lieues de Scary Movie). S'il n'est pas une comédie désopilante, MK est un film qui se savoure pour son ton frais et "décalé" qui permet de planter un univers enfantin drôlatique, à la limite de l'onirique. Entre l'enfance et le monde adulte, on y retrouve la même fantaisie et la volonté de jouer à part que dans le précédent Wes Anderson, Fantastic Mr. Fox. Véritable hommage à la comédie humaine, au théâtre comme au cinéma, MK fourmille de détails qui émerveillent, au même titre qu'une mise en scène et une photographie propres à l'auteur. Suivre le périple de deux gosses dans ce road-movie est alors un petit plaisir, et c'est comme retomber en enfance sans avoir quitté l'âge adulte. Comme si tout était lié, et que finalement la farce n'était pas si éloignée. Les enfants au premier plan se taillent un costard d'adulte et s'en accommodent, tandis que certains adultes se ridiculisent par leur puérilité et leur irresponsabilité... Parce qu'il faut à tout prix tout inverser, pour rendre hommage à la versatilité de la vie, mais aussi et surtout à sa richesse. Mission réussie, avec panache et forte personnalité. On en ressort ébaubi et contenté, et on se pâme d'en avoir pris plein les mirettes et les neurones, sans même s'en rendre compte.
Sous ses dehors de film hipster pour des masses bobo amateurs de mode rétro et de groupes musicaux Inrocks-o-Parigos aux fringues à papa et à la crinière bordélique, ainsi que de All-star movie Burn-After-Readingien racoleur avec un casting réunissant Willis, Murray, Norton et McDormand, Moonrise Kingdom a quand même su me ravir.