Le nom dit tout. Moonrise Kingdom. Une poésie de gosses qui s'inventent un royaume, un empire, un décor un peu incongru, un monde complètement barré et deux enfants amoureux — mieux amoureux qui quiconque — qui tentent d'échapper à la réalité sans se soucier du reste. En une heure et demie, même à vingt ans, on se sent tout d'un coup très vieux, et pour ma part je n'ai qu'une envie, c'est de revoir ce film en plein été avec ma copine pour se dire qu'on s'aime même si on ne sait pas de quoi on parle. Surtout si on ne sait pas de quoi on parle.

Les acteurs sont terriblement attachants, Suzie est très mignonne, et c'est bien entendu le meilleur rôle de Bruce Willis, mais c'est tellement évident que je ne devrai pas le dire. Je dois être en train d'écrire la critique la moins construite du film, mais je suis dans un état tellement euphorique que maintenant, je pourrais m'extasier et retourner à un âge mental de dix ans et demi et rigoler de tout mon être en regardant un documentaire sur la reproduction des loutres naines en Amazonie du Sud-Est. Les couleurs sont criardes, même les effets spéciaux et les éclairs ont l'air volontairement cheap, et je ne parle pas du kitsch vestimentaire qui indique mieux que jamais que nous sommes en 1965, et que tout respire l'insouciance, la légèreté, l'enfance dans ce qu'elle a de plus amoureuse. Contre tout ce décor déjanté et improbable, la relation entre Sam et Suzie est la plus sérieuse, et leurs scènes à deux sont filmées d'une manière cohérente et bien plus sérieuse. Comme si la réalité la plus sérieuse, c'était celle des enfants, ce qui est absolument évident. Il y a malgré tout un caractère jeune public qui me dérange, peut-être dans le scénario de la fin (les stratagèmes mis en place par les autres pour qu'ils puissent s'enfuir, la vengeance sur le petit qui a tué le chien), et dans un certain manichéisme, qui rend le second degré assez sous-jacent et un peu moins accessible, pouvant rendre le film " pour enfants " alors qu'il ne fait que raconter une histoire d'enfants.

Mais qu'importe, la film est capable de rendre tout le monde euphorique, que ce soit moi, la fille que j'aime, ou même notre future fille, et à partir de là, je refuse de me poser plus de questions. Moonrise Kingdom, c'est un truc de gosses, c'est la poésie, c'est la beauté, c'est les années 60 comme elles furent l'idéal de toute une génération, c'est la joie, et à la période où réouvrent les camps de scouts et les amourettes de vacances ; Moonrise Kingdom, c'est l'été.
Ashen
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le 16 mai 2013

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Ashen

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