Une fable loufoque qui se voudrait poétique
Les films dans lesquels casting bling bling rime avec flop ne manquent pas. Moonrise kindgom de Wes Anderson vient grandir la liste. Avec Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray mais aussi Tilda Swinton ou Frances Mc Dormand on pouvait s’attendre à une agréable surprise. C’est raté. Et bien raté. Entre un Willis apathique, un Norton inexpressif, une Mc Dormand aussi stupide de béatitude que dans « Burn after reading » et un Murray qui n’a rien à jouer, on frise le ratage total. D’autant qu’on mettrait volontiers des baffes au gamin boy scout. Seule son amoureuse sauve les meubles. Car pour ce qui est de la bande, les jeunes scouts sont tous positionnés sur le même plan, comme l’aveu d’un manque d’imagination à les doter d’un caractère propre.
Cette comédie de Wes Anderson qui se veut loufoque, lyrique et empreinte d’imaginaire décalé se révèle bien vite sans relief, jamais drôle et ennuyeuse à souhait. N’est pas Jean-Pierre Jeunet qui veut. Si la réalisation est inventive et enjouée, elle souffre de deux ou trois effets spéciaux bâclés. Il est surtout difficile de déceler quelque poésie quand la stupidité prend ainsi le pas sur ce qui se voudrait un conte insouciant rafraîchissant.
Tout semble bien fade dans cette fable où l’ineptie du scénario n’a d’égale que l’absence d’empathie pour les personnages dont on se moque éperdument de ce qui peut bien leur arriver. Seule la scène du baiser, bien amenée, dégage une certaine émotion. Cerise sur le cake, la musique qui tourne en boucle est tout simplement insupportable. Sans doute l’une des arnaques du festival de Cannes. Mais pour une raison bien obscure, Moonrise Kingdom semble bénéficier d’une rare clémence de la presse.