Un plaisir certain à redécouvrir ce film. Le plaisir de replonger dans cet univers matelassé, aux couleurs et aux paysages nostalgiques d'un été que l'on voudrait infini. Ce camp de scouts, si bien ficelé, regorge en même temps de liberté et d'épanouissement pour ces petits garnements en pleine apogée, remplis d'idées. C'est un temps de bien-être et de responsabilités délaissées. Et puis, cette maison si caractéristique, dont on découvre l'architecture au fil des plans, est un espace où les adultes rêvent d'être enfants, mais ne savent assurément pas s'occuper des leurs. Heureusement qu'ils sont plusieurs. Tout cela donne un film qui est, pour moi, la représentation clé des gens mûrs qui n'ont jamais vraiment quitté leur enfance, mais qui n'assument pas cela et finissent névrosés, blasés, avec des pics de colère peu compréhensibles et des problèmes d'adultes ennuyeux : la sexualité, le travail, le devoir. ( mon prof d'histoire peut être ?)
Au milieu de tout cela, des enfants qui, malgré un développement plutôt faible pour les scouts et les frères, forment une unité représentative de la jeunesse et de ces 400 coups. La remise en question des scouts montre leur capacité à prendre les choses très au sérieux, avec gravité et extase. Le chef de troupe est définitivement l'un des plus beaux personnages de Wes Anderson. Il est vraiment attaché aux rituels et aux journaux, représentant une envie de ne jamais quitter sa situation. Il ne nie pas ses désires enfantins et est dévouer dans ce qu'il entreprend.
L'histoire d'amour dans ce film est d'un romanesque sans précédent : l'union de deux fugitifs dans un environnement chargé de communion avec la nature et les ancêtres. Les paradoxes de la survie et du pique-nique avec le chat créent une explosion de saveurs qui donne un goût de "revenez-y". Cela donne des envies de simplicité, d'aventure et de partage, en opposition a notre société auto centré, trop cadrés.
Moonrise Kingdom est un film très temporel, malheureusement, mais universel dans sa représentation du plaisir de la vie, celui d'être libre, d'étudier, de se cultiver et de prendre des risques démesurés.