Quelle dommage de sacrifier une si grande qualité graphique et technique au profit d'un film qui se perd dans ses morales et son absurdité jusqu'à en devenir GNAN GNAN !
Le pouvoir de l'union, les prédateurs et leurs proies qui s'entraident jusqu'à en devenir amis, ouaaaaaais. Mais oui, allez dire à nos enfants que Mishka peut passer du saumon au brocoli par sa seule conviction. C'est bidon quoi. Mais dois-je percevoir toutes ces élucubrations comme simple décor ? Bah nan. Le Grand Méchant Renard est pour moi très ressemblant, dans les relations animales et l'adoption avec le robot sauvage mais est bien mieux rodé. Œuvre ultime de l'adoption et de l'affection portée entre espèces. Celui-ci pourtant ne rentre pas dans un schéma moralisateur ; oui, les animaux parlent, oui, le renard est un marginal qui transcende sa nature de chasseur. Mais cela est au profit d'un humour riche de messages non pompeux et d'un environnement agréable. Dans ce sens, notre robot sauvage est en reste. Le film est un peu amusant, mais étriqué par son besoin de nous étouffer dans son bisounoursisme. Est-ce que j'ai envie d'un film qui prend la jeunesse pour des cons ? Bah non. On est dans un cadre utopique où l'innovation n'a étrangement pas détruit l'ensemble des ressources naturelles, et dans lequel les animaux vivent leur best life séparés des Hommes.
Après l'arrivé de Roz par accident dans ce milieu hostile il fallait évidemment que les méchants robot viennent la récupérer. Malheureusement ces méchants sont des gros nullos. Effectivement les robots baqueux ne sont pas en capacité de faire face à trois piafs ou encore même à un putois. Pourtant, Roz, elle, s'en sort indemne face à un strike de caribous alors qu'elle n'est pas armée. Quitte à être complètement irrationnel, pourquoi nous intégrer une demi-seconde de deuil avec la vieille oie de mes couilles ? telle est la question.
Revenons probablement au plus problématique : les robots qui commencent à avoir des émotions, on est où là ? Le film devrait plutôt préparer nos gosses à se faire remplacer par des robots plutôt qu'à ce qu'ils deviennent leurs parents ou leur assistante social, ce sont eux qui vont devoir y faire face. Le film aurait soit dû se finir en tragédie, avec toute la forêt qui brûle, les animaux qui meurent, et Roz qui se fait récupérer et oublie tout. Ouais, ça, ça aurait été cool (enfin, par cool j'entends : ayant un intérêt). Autrement, pour rester tout public et garder cette niaiserie, l'histoire aurait dû ou pu se passer sur une autre planète de sorte qu'ils puissent faire n'importe quoi avec la chaîne alimentaire et où la nature aurait pu faire face et zigouiller Bumblebee et C-3PO, et tout finit bien. Mais bon, faire croire aux gamins que le zoo va s'en sortir, je trouve ça peu responsable et à défaut juste bidon.
Je spécifierai tout de même l'immense qualité graphique du film : c'est très beau, le robot montre ses fonctionnalités sans devenir un mode d'emploi, la forêt, le feu, les animaux sont assurément un plaisir pour les yeux. Mais tout de même, je critique à nouveau la représentation de la ville futuriste, qui est très peu détaillée et peu intéressante dans son aspect futuriste. C’est une occasion manquée, car dans un film de ce genre, le contraste entre nature et civilisation pourrait être exploité de manière bien plus frappante. Je souligne aussi la réussite du renard solitaire, qui se lie d'amitié et, ici aussi, transcende sa nature sans devenir caricatural.
Enfin voilà, plutôt déçue par ce "nouveau Wall-E" (je te jure...), qui aurait pu être réussi, gâché par son accumulation de représentations bateaux et trompeuses.
Après réflexions, j'avoue que je suis un peu dur parce que le film est agréable à voir, mais en comparaison à d'autres films jeunesse que j'adorais voir et revoir étant plus jeune, je pense que mon esprit mesuré et mon pragmatisme aurait fait de celui-ci un oublié.