Moonrise Kingdom est une bouffée d’oxygène. Exit la présence étouffante des villes avec ses buildings et ses myriades d’anonymes, Wes Anderson nous prend par la main pour nous larguer sur une petite île de la Nouvelle-Angleterre à quelques encablures de la côte. Naviguant entre prairies, forêts et plages, l’histoire place ainsi les personnages au centre de l’histoire.
Le film est une tendre histoire de complicité entre deux gamins rejetés. Sam, un scout orphelin binoclard, et Suzy, une jeune fille espiègle, élaborent une fugue depuis près d’un an par le biais d’un échange épistolaire. Les jeunes fugueurs, mus par un désir d’aventures, chamboulent la vie paisible de cette petite communauté insulaire. Adultes et scouts partent donc vite à la recherche de Sam et Suzy. Cette course va rythmer le film avec des moments intenses, comme la formidable bagarre dans la forêt avec les scouts, et des moments paisibles, comme ces quelques jours passés par les amoureux sur une plage déserte.
Le casting est intelligemment conçu. Le groupe des adultes est composé majoritairement de grandes stars avec Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray, Frances McDormand et Harvey Keitel. Quant aux deux personnages principaux, ceux-ci sont joués de talentueux inconnus, Jared Gilman et Kara Hayward, qui n’ont pour le moment pas fait grand-chose après Moonrise Kingdom.
Il y a cette façon si particulière de raconter et de filmer une histoire propre à Wes Anderson. La présentation d’espace tel que le camp scout ou la maison des Bishop se fait par un habile travelling accentuant l’immersion du spectateur dans le décor. La maitrise esthétique et narrative du film démontre une fois de plus le talent du réalisateur. Certains lui rapprochent une constance entre ses films qui ne permet plus de transcender le public. Mais demander à Anderson de ne plus faire du Anderson serait comme demander à Tarantino de ne plus faire du Tarantino.Impensable !
Après La Vie aquatique, À bord du Darjeeling Limited et Fantastic Mr. Fox, le panache de l’aventure est décidément le moteur des réalisations d’Anderson. Un moteur qui atteindra les sommets deux ans plus tard avec sa plus grosse réussite au box-office, The Grand Budapest Hotel.