De même que la mise en scène très ordonnée et très fluide fait davantage ressortir le désordre qui se déroule à l’écran, tout ce film est basé sur l’emploi du contraste, ce qui n’en facilite pas le jugement mais en augmente le plaisir… C’est en effet avec un plaisir presque constant que l’on voit tous ces enfants agir en tant que tels, mais penser en adulte, là où les adultes auraient plutôt tendance à penser en enfant, finalement. C’est d’ailleurs souvent aux adultes (Bill Murray, Frances McDormand, Edward Norton, Bruce Willis, Tilda Swinton, Harvey Keitel... excusez du peu !!!) que l’on doit les meilleures scènes du film, les scènes de recherche, souvent hilarantes, alternant avec des scènes d’amourette entre les deux fugitifs pleines de second degré, d’abord amusantes, puis assez longues, Wes Anderson ne parvenant pas tout à fait à nous faire partager sa tendresse face à cet amour aussi innocent que maladroit… Toutefois l’humour décalé - quoique parfois discret – du réalisateur confère au film une fraîcheur délicieuse en appliquant les codes du film d’action, voire d’horreur, à une échelle aussi petite que celle de ces enfants qui fuient devant l’âge adulte, ce qui crée d’amusants contrastes, tout en proposant une certaine réflexion sur le passage à l'âge adulte, et le déluge qu'il représente pour les enfants (ce n'est pas pour rien qu'un ouragan vient perturber la fuite des enfants, ou que la musique interprétée par le choeur d'enfants est L'Arche de Noé de Britten...). C’est aussi ce qui nous aide à passer outre ses défauts pour goûter les joies d’un film qui ne ressemble à rien de connu.