Des choses gentilles à dire sur ce film :
Oh là là... Moonwalker...
Moonwalker, c’est un peu un monstre de Frankenstein rapiécé de partout, mais là où ce dernier reste beau, digne, tragique et élégant, Moonwalker est boursouflé, purulent et supplie qu’on l’achève à chacune de ses longues 93 minutes.
Érigé à la gloire de Michael Jackson, le film est officiellement composé de deux parties : la première, un pot pourri de clips, grosso modo ; la seconde, un moyen métrage écrit par le chanteur hee-heemself dans lequel il lutte contre des trafiquants de drogue qui ont décidé de s’en prendre aux gosses (ouais, ça balance un peu). Les choses ne sont pas si claires à l’intérieur même des deux parties tant la narration est éclatée et le montage incohérent. L’anthologie de clips d’amorce est, de ce point de vue, horrible. En effet, ce ne sont pas les tubes de Michael qui passent l’un après l’autre avec un minimum d’harmonie et d’organisation, ce sont les intros des tubes de Michael Jackson. Résultat, le spectateur qui, sans même connaître tout de son œuvre, en connaît les principaux titres, sait à quel moment la chanson va partir, et il est déjà dans ce moment-là, dans cette montée, quand le film choisit d’enchaîner sur une autre. Et c’est le genre de truc qui attaque directement les nerfs.
Pour contrebalancer, on se retrouve aussi parfois pris dans une alternance à pisser de rire de scènes historiques et de plans de fans qui s’évanouissent ou qui agitent mollement les bras de gauche à droite et de droite à gauche. Séquence qui se termine sur une reprise du clip de Bad mais avec des enfants déguisés en adultes. Une idée aussi bonne que glauque suivant comment elle est mise en place. Pas très éloigné des animaux qui parlent sur l’échelle du bon goût, les gamins habillés en adultes (barbes de trois jours comprises), ça peut être assez casse-gueule... et dans Moonwalker, on tire plus vers Le chihuahua de Beverly Hills que vers Babe.
C’est à partir de ce moment-là que le film (qui a commencé il y a dix minutes) finit de partir en sucette, avec l’intégration à la narration du clip de Speed Demon. Michael Jackson est reconnu par un petit groupie et sa mamie qui, on ne sait pourquoi, y sont animés en pâte-à-modeler. Rapidement accompagnés d’une foule elle aussi animée en pâte-à-modeler, ils décident de poursuivre la star, écrabouillant son staff au passage. Et Michael de se déguiser en lapin, animé en pâte-à-modeler là encore, et de s’enfuir à moto se transformant ici ou là en Sylvester Stallone, Tina Turner et Pee-wee Herman (de pâte à modeler)...
Dans la seconde partie du film, aux prises avec un mafieux sans scrupules (Joe Pesci) et ses hommes de mains qui prévoient de rendre les enfants accro à la drogue par le biais de piqûres d’araignées, il se transformera aussi... en voiture de sport et en robot géant. Personnages dans lesquels il est plus convaincant que dans son propre rôle.
Côté positif (si on ne considère pas ce festival de n’importe quoi positif en soi), il y a quand-même des éléments sympas dans Moonwalker surtout dûs aux clips qui le composent (Leave me Alone ou la version longue de Smooth Criminal) qu’au film même. En même temps pourquoi sortir seulement des clips quand on peut sortir tout un film ?
Jouez au bingo des clichés avec ce film (31 ingrédients)
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Bonus
Enfant qui joue mal
Personnage > Agissement
Ouf ! | S’adosse contre la porte tout juste refermée - Poursuivi.e / traqué.e par une foule - Stylé | Tire sans regarder où
Personnage > Citation
Menace | « Si tu..., je te... » - Ordonne | « Tuez-le ! » / « Tuez-la ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Se fait mitrailler sa baraque/sa chambre d’hôtel
Personnage secondaire
Foule en délire | Concert/manifestation sportive - Groupie(s) - Milice (pouet-pouet) du/de la méchant·e
Réalisation
Ambiance | Un plan du ciel que vient traverser une étoile filante - Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables - Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite
Réalisation > Accessoire et compagnie
Ambiance | Machine à fumée sur-exploitée - Pouet-pouet | Costumes découpés aux ciseaux / fausse usure - Pouet-pouet | Effet pyrotechnique hasardeux - Tension | Système de sécurité / d’alarme artisanal - Toiles d’araignées de kermesse
Réalisation > Audio
Bruit exagéré | Balles qui ricochent contre du métal - Bruit générique | Chouette ou hibou - Tension | Bruit de battements de cœur - Woosh | mouvement / acrobaties
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Gag cartoonesque - Gag cartoonesque | Aplati·e comme une crêpe - Gag cartoonesque | Bruitage de frein appliqué à un personnage
Scénario > Dialogue
Demande de l’aide à un Dieu sans savoir s’il écoute, mais ça lui permet de garder espoir
Scénario > Élément
Référence grossière à la culture populaire - Tension | Les animaux ressentent et réagissent à la présence ou à l’approche d’un danger
Scénario > Ficelle scénaristique
Trahi·e par : un éternuement, une sonnerie de téléphone, un objet qui tombe, etc.
Scénario > Situation
Piégé·e dans une impasse
Thème > N’importe quoi
Carton-pâte | Tape aléatoirement sur un clavier d’ordinateur
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- Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais