Une descente aux enfers sur fond de mer et de drogue

Stefan (Klaus Grünberg), un jeune étudiant allemand qui vient de finir ses études de mathématiques décide de partir vers le soleil. Il part en auto-stop pour Paris où il rencontre Charlie, qui le déleste de toutes ses économies au poker puis le prend sous son aile. Il l'entraîne dans ses petites combines et le fait inviter dans des soirées branchées. Au cours de l'une de celles-ci, Stefan a le coup de foudre pour Estelle (Mimsy Farmer), une jeune Américaine sur le départ pour Ibiza. Il ne se doute pas qu'en la rejoignant à Ibiza, il va tomber dans l'enfer de la drogue. Au départ, il se contente de fumer un joint mais il se rend très vite compte qu'Estelle, sous ses dehors de charmante fille à qui l'on donnerait le Bon Dieu sans confession, se drogue à l'héroïne. Bien que réticent, il finit par se laisser convaincre de faire un essai. Et ce sera la spirale descendente qui l'entraînera à la mort;


Tourné à Ibiza, en pleine période hippie, sur la bande originale réalisée par les Pink Floyd, le film et la musique devinrent culte pour toute une génération.


Autour du film


Ce film a été un « one shot » pour l’acteur masculin, Klaus Grünberg, qui, à part More, n’a plus tourné que dans des séries TV de 2ème classe. Ce n’a pas été le cas pour l'actrice féminine, Mimsy Farmer, déjà connue avant ce tournage, et dont la filmographie, sans être exceptionnelle, compte plus de 25 films. L'actrice a cependant mis un terme définitif à sa carrière cinématographique en 1989. Depuis 1992, elle vit en France et réalise des sculptures pour les décors de théâtre (Théâtre de l'Opéra de Bordeaux, Théâtre antique d'Orange, Théâtre des Variétés) et pour le cinéma (Troy, Marie-Antoinette, Charlie et la Chocolaterie, À la croisée des mondes : La Boussole d'or).


Mon opinion sur ce film


J’avais vu le film lors de sa sortie en 1969 et j’en avais gardé le souvenir de beaux paysages baignés par la mer et le soleil, de maisons immaculées et d’une histoire d’amour libre entre des jeunes gens, l’ensemble sublimé par la musique des Pink Floyd qui m’a accompagné de si longues années. Je me rappelais aussi bien sûr que le film traitait de drogue mais je ne me souvenais pas d'une fin aussi tragique.


Je dois dire aussi que j'ai longtemps différé le moment de le revoir car je craignais d'être déçu. C’est en grande partie le cas car, malgré ses qualités, le film est très daté. J’ai trouvé aussi que la musique des Pink Floyd, qui avait alors été pour moi une révélation, passe – du moins dans la version remastérisée – au second plan.


Le film en lui-même est l’histoire d’une terrible descente dans l’enfer de la drogue puisque le jeune héros, Stefan, au départ totalement « clean » et opposé à la consommation de drogues dures, en deviendra la victime pour l’amour et la fascination qu’il porte à Estelle. Malgré l’intervention de son ami Charlie, venu in extremis à Ibiza pour tenter de le sauver, il finira brutalement son misérable trip entre quatre planches (au sens propre).


Je ne me souvenais pas non plus que le trafic de drogue sur l’île était organisé par un ancien nazi. Barbet Schroeder s’explique sur tout cela dans le bonus qui suit le film (du moins dans la version que j’ai regardée).


Maintenant que je revois ce film avec le recul, je me rends compte combien il a pu être toxique pour une génération d'adolescents par la fascination qu'il a pu exercer sur eux, dans le climat de remise en question profonde de la société qui a accompagné les évènements de mai 68. A ne pas mettre entre toutes les mains.

Roland Comte

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